Un après-midi brumeux de février 1894
Martial Bourdin s’est présenté
Au Royal Observatory de Londres
Et a fait exploser ses entrailles
En tentant de détruire l’horloge
Qui tient le temps moyen de Greenwich
Bourdin savait que l’ennemi
Se présente toujours à nous
En brandissant une horloge
Montre au poignet
Et chronomètre à la main
L’horloge ne mesure pas le temps
Elle le produit
Et ce temps produit est une marchandise
Qui peut être dépensée ou gaspillée
« Time is money »
Disaient les financiers de la City
Qui ont regardé Martial Bourdin crever
En trente minutes top chrono
Mais le temps ne peut être de l’argent
Qu’en étant produit comme marchandise
Et en transformant par le fait même
En marchandise les individus
Dont la vie a été scrupuleusement réglée
Sur le temps moyen de Greenwich
Le temps de l’horloge
N’est pas celui de l’individu libre
N’est pas le temps de son corps
Et du monde vivant qui l’entoure
Il n’est pas le temps de l’amour
De l’amitié, du désir et du plaisir
Il n’est pas le temps de ce qui mérite
Réellement d’être vécu
Il n’est même pas le temps de la nature
Celui qui est observable et calculable
Le temps de l’horloge
Est celui de la production
Celui de la croissance et du profit
Il est le temps de ce qui nous écrase face contre terre
Le temps du mépris, de la souffrance et de la mort
C’est le temps du pouvoir et du capitalisme
De la religion et du salariat
De l’école et de la chaîne de montage
Du salut au drapeau et des hymnes nationaux
Des minutes de silence et des pauses café
Des peines de prison et des assauts militaires
Des entrevues d’embauche et des tarifs horaires
Des contractions minutées des accouchements médicalisés
De la performance qui détruit tout sur son passage
Le temps de l’horloge est une construction sociale
Au même titre que le genre et la race
Que l’argent et la propriété
Il ne sert que les intérêts
De ceux qui se présentent à nous
En brandissant une horloge
Le temps de l’horloge n’est pas fixe
Il est fréquemment modifié et ajusté
Pour répondre aux objectifs sociaux et politiques
De ceux qui nous oppriment
Qui nous réduisent à moins que nous-mêmes
Qui colonisent nos corps et nos esprits
Car le colonialisme s’est toujours exercé
Avec l’horloge parmi ses armes
La Compagnie des Indes Orientales
Et le temps médian de Greenwich
Sont deux visages de l’horreur coloniale
Et des prétention universalistes
D’un occident assoiffé de conquêtes et de sang
Si bien que lorsqu’on se retrouve sous la botte
D’un dictateur fasciste
On se console en se disant
Qu’au moins il fait arriver les trains à l’heure
S’il est plus facile pour nous d’imaginer la fin du monde
Que d’imaginer la fin du capitalisme
C’est que nous vivons depuis trop longtemps
Sous la dictature de l’horloge
Et il faudra beaucoup
De Martial Bourdin
Pour espérer
S’en défaire
Catégories :Accès de rage
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
Ah wawakha! Sounilpette d’arsolipantique. J’osmoserais ton jusquelà si je le pouvais, mais je ne pe peux pas et voilà.
Crisd
Ah wawakha! Sounilpette d’arsolipantique. J’osmoserais ton jusquelà si je le pouvais, mais je ne pe peux pas et voilà.
Crisd