(Je vous mets au défi de trouver lequel.)
Ce texte de blog n’existe que pour une seule raison: pousser les textes qui l’ont précédé dans la nuit éternelle de l’oubli.
Si on exclue les génies (et dieu-qui-n’existe-pas sait qu’ils sont rarissimes), je crois qu’il n’y a que deux types d’écrivains: les incompris et les ratés. Anne Archet est de toute évidence à classer dans la seconde catégorie et ça me convient parfaitement : l’obscurité opaque me sied très bien et je ne crois pas que je supporterais l’idée que ses petits textes aient eu la moindre influence sur quiconque. Elle a écrit pour rien et l’écho qu’elle en a reçu fut à l’avenant.
Quant aux incompris, ils goûtent à la gloire et parfois même font école parce qu’ils ont eu la (mal)chance de rencontrer un lectorat qui ne peut faire autrement que d’interpréter leurs intentions – ou leur absence d’intentions – complètement de travers. Leur œuvre devient alors un malentendu qu’ils ne cessent d’aggraver d’ouvrage en ouvrage en tentant de le rectifier. S’ils avaient été plus clairs, ils seraient restés obscurs.
Je suis une écrivaine ratée parce que l’écriture est par définition un ratage. Le texte, le vrai texte – le profond, celui qui nous lie à ses circonvolutions et nous éblouit de sa clarté immaculée, restera toujours caché. Il va toujours fuir dès qu’on fait mine de s’en approcher et restera insaisissable malgré nos efforts les plus acharnés. C’est le texte qui est rétif à toute énonciation, qui ne veut pas — et qui ne peut pas – être exposé au grand jour. C’est aussi le texte qui ne peut pas être lu et qui de toute façon se passe aisément de lecteurs. Tenter de s’en approcher est aussi futile que désespérant.
Dès que l’écrivaine se met à écrire, le texte quitte la pièce. Le mieux qu’elle puisse espérer, c’est d’être suffisamment incomprise pour que quelqu’un prenne la contrefaçon qui résultera de ses pitoyables trafics pour de l’or.
J’ai rêvé que j’étais assise devant une dactylo mécanique et que j’essayais de me souvenir de mon mot de passe. J’ai le sentiment confus que se résume ainsi toute mon expérience de l’écriture.
Plus un texte circule, plus la qualité de sa réception se dégrade, ce qui à terme mène à l’effondrement de la justification initiale de sa transmission.
«On ne peut pas tuer une idée.» Soit, mais on obtient un résultat similaire en la diffusant jusqu’à ce que son inflation progressive la transforme en buzzword.
Les meilleures idées sont les idées mortes-nées – les saugrenues, les bancales, celles qui n’ont jamais été retenues et qui ont été rejetées du revers de la main – parce qu’elles ont le mérite de nous épargner le traumatisme engendré par leur application.
J’embrasse l’erreur et le ratage, sans toutefois me convaincre qu’on y trouve une quelconque vérité à laquelle je devrais croire.
Ce ne sont pas toutes les phrases qui méritent d’être terminées, car certaines expriment des idées qui ne
Peut-on compenser les limites de ses arguments par l’extrémité de son engagement?
L’écriture n’est-elle pas le pire moyen de ne pas changer le monde?
Les questions rhétoriques ne sont-elles pas les plus médiocres des figures de style?
En ce moment, la seule activité intellectuelle qui m’apporte le moindrement de satisfaction se résume à faire des calembours idiots. J’ai l’impression que ça me rapproche du sens ultime de l’univers.
Si écrire n’était pas une compulsion, il y a longtemps que j’aurais arrêté pour me consacrer à Skyrim et à l’auto-asphyxie érotique.
Catégories :Grognements cyniques
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
(Je)
Je ne peux laisser de commentaire.
Je ne peux espérer commettre l’ultime art de communier avec un langage qui a ému, en lui permettant une expérience similaire.
Je peux heureusement faire baluchon sur ces espoirs et les aller faire croître ailleurs.
…
Les semis offerts par votre généreux avatar ne perdent pas de temps pour croître et offrir des visages aussi diversifiés que ceux qui les cultivent. Pour le meilleur et pour le pire.
Merci de vous risquer à tous les terreaux.
J’ai beaucoup de difficulté à mettre en application cette bonne parole par moi proclamée. Je regarde mes dentelles impudiquement affichées et j’ai brutalement envie qu’on les offense à mes côtés.
Il n’y aura pas de ma part de morale à cette histoire pour cette fois.
Bravo, tout est beau, c’est un régal…
à part le commentaire idiot :
L’écriture n’est-elle pas le pire moyen de ne pas changer le monde? = L’écriture n’est-elle pas le meilleur moyen de changer le monde? —> Ce ne sont pas toutes les phrases qui méritent d’être terminées, car certaines expriment des idées qui ne
Le sens de l’univers?? De toute manière, plus il pédale moins vite et moins il avance plus vite. Le sens importe sûrement peu et puis uni vers quoi? De vaines calembredaines quand on sait les précaires et changeantes positions du dit sens… Un peu comme la vérité, tiens. Mais bon, chacun à sa manière a l’impression d’en tenir un bon bout. Et c’est peut-être l’impression qui conte.
Je vais laisser un commentaire raté, alors.
De toute façon, quoi qu’on soit dans la vie, on l’est toujours de façon ratée. La gloire, c’est juste se croûter devant des spectateurs qui applaudissent.
« Plus un texte circule, plus la qualité de sa réception se dégrade, ce qui à terme mène à l’effondrement de la justification initiale de sa transmission. »
Je dirais que plus un texte circule, plus il apparaît à quel point il était initialement destiné à peu de personnes.
« L’écriture n’est-elle pas le pire moyen de ne pas changer le monde? »
Ecrire est peut-être le pire moyen de ne pas changer le monde, mais c’est infiniment préférable à être le meilleur moyen de ne pas changer le monde.
« Peut-on compenser les limites de ses arguments par l’extrémité de son engagement? »
De l’autre côté, si certaines personnes compensaient l’extrémité de leurs arguments par les limites de leur engagement, on se serait épargnés par mal d’emmerdes ne serait-ce qu’au siècle dernier.
« Ce ne sont pas toutes les phrases qui méritent d’être terminées… »
Alors là, je suis on ne peut plus
Bonjour . belle plume . hugh ma soeur.
qui ne dit mot consent ? mouais. qui dit trop ou pas assez, de mots amènent des maux .. malgré vous/nous/toi/moi et toujours un con .. sent .. autre chose… ^^
en plus « trivial » ? : ma tite mère m’a appris très tôt : « quoique tu dises ou fasses, il y aura toujours qqun à critiquer » alors autant continuer à dire , faire, ce que l’on veut tant qu’on y prend du plaisir. Continue(z) donc à écrire à tout va Soeur Anne et si cela sied à ravir à bien d’autres, dont je fais partie, ce n’est que tout bénéf… Vous avez fait votre B.A puisque cela semble faire tant de bien à certains que de venir dire « t’es qu’une ratée » Beaucoup de personnes ont du mal à voir les autres heureux.. de/ou juste partager ou encore leurs qualités , celles qu’ils ne rêvent de posséder. je ne m’oserai pas à dire que cela n’est que le transfert de leurs propres souffrances mais les mots aussi, en disent long , sur qui est qui.
je vous bise belle « écrit (pas) vaine ».. une de vos « amies » fidèles et assidue.. je pense m’y tenir, c’est si rare de nos jours que le savoir faire oups écrit . et si jouissif .
PS : la critique est aisée mais l’art est difficile. autant que la jalousie en ce bas monde .. sera . toujours.
PS2 (sans la manette) : si vous êtes une écrivaine ratée alors je suis donc maso , youpiiiiie me suis enfin trouvée.. comme quoi même un « idiot » peut nous aider à voir . plus clair (je ris de me voir si « belle » en son miroir). Bobecs
euh…. chez moi il est 13 h 29 ce dimanche au moment où je vous écris. Bonne fin de nuit chez vous ou bon réveil matinal ;))… viens de vois l’horaire qui porte à con en fusion . ^^