Je me suis longuement interrogée sur un paradoxe qui me semble central à nos sociétés post-industrielles et qui concerne l’individualisme. Il va comme suit: à peu près tout le monde s’entend pour dire que l’individualisme est omniprésent, mais si vous vous dites individualiste, vous serez universellement conspuée. Les gens seraient-ils individualistes sans le vouloir? Se détesteraient-ils eux-mêmes d’être égoïstes?
Je crois qu’une des pistes à explorer pour comprendre ce paradoxe réside dans l’institution de la propriété, qui par essence est une institution collective radicalement opposée à l’individu. Les gens ne sont pas réellement individualistes: les plus opprimés ne font que se débrouiller comme ils peuvent pour survivre par eux-mêmes, alors que les plus riches sont les moins individualistes d’entre tous, puisqu’ils travaillent de concert pour maintenir tout l’appareil oppressif qui leur permet de conserver leur pouvoir. Le seul comportement individualiste qui est encouragé est celui de l’échange commercial qui, selon des règles qui nous sont strictement imposées, orientent nos désirs vers l’entonnoir de la consommation. Le reste de notre existence est faite d’abnégation et de déni de soi, par le sacrifice de nos désirs les plus profonds et l’abrutissement par cet esclavage à temps partiel qu’on désigne sous le nom de travail. Si la seule lueur de liberté de notre pauvre existence est la propriété, et que cette propriété a besoin d’un lourd appareil répressif (et par définition collectif) pour se maintenir, il devient évident que l’individualisme devient une menace à combattre. D’où l’étrange paradoxe de l’individualisme constaté (celui de la consommation) et conspué (celui qui menacerait l’appareil social permettant la pérennité de l’oppression).
Ce qui me mène à penser qu’on ne peut pas être vraiment – c’est-à-dire pleinement – individualiste tout en adhérant au principe de propriété. Le geste le plus magnifiquement égoïste est de s’attaquer à la propriété en vue de l’abolir.
L’économie – qui n’est rien d’autre que la domination de la survie au détriment de la vie – est essentielle au maintien de toutes les autres formes de domination. Sans la menace de la pénurie, du manque, de la carence, il serait difficile de contraindre les individus à l’obéissance, à la routine quotidienne et mortifère du travail et du salariat. La propriété, qu’elle soit publique ou privée, isole l’individu du monde en créant une situation dans laquelle il doit demander une permission de consommer par l’échange économique plutôt que de simplement prendre ce qu’il désire ou ce dont il a besoin. De cette façon, différents niveaux de pauvreté sont assurés à tous, même aux riches, parce que sous la tutelle de la propriété, ce qui est interdit dépasse largement ce qui est permis de posséder. La domination de la survie au détriment de la vie est ainsi maintenue.
Bref, la propriété est une clôture et garder une clôture érigée demande qu’une multitude d’institutions oppressives agissent pour corseter et museler l’individu. Ce n’est qu’en abattant cette clôture qu’on peut espérer passer de la survie à la vie.
Voilà pourquoi il est si bon de voler et de squatter. Le vieux dicton avait raison: le crime ne paie pas – il donne. Le meilleur moment d’une manifestation, c’est lorsqu’elle tourne à l’émeute. Et le meilleur moment de l’émeute, c’est lorsqu’il y a de la casse, des vitrines qui éclatent et des étals qui se vident. Que ce moment soit universellement décrié de gauche à droite, par tous les idéologues, montre bien qu’il y a quelque chose d’important, de crucial qui s’y déroule; quelque chose d’irréductible au jeu de la politique.
Bien sûr, frauder l’aide sociale et faire du dumpster diving permet de survivre sans avoir à s’enchaîner au travail, mais ces activités restent à l’intérieur de l’économie, sans vraiment l’attaquer. Il en va de même pour les squatters qui font valoir leur droit à l’habitation ou essaient de régulariser légalement leur statut, ainsi que pour les voleurs qui font de leurs délits un job comme n’importe quel travailleur dans le seul but de participer à la messe collective de la consommation. Ces gens n’ont pas intérêt à détruire l’économie; tout ce qu’ils désirent , c’est une plus grande part du gâteau, qu’on repousse un peu la clôture à leur avantage. Par contre, ceux et celles qui squattent et qui volent dans une logique insurrectionnelle le font en défiant la logique de la propriété, c’est-à-dire en refusant d’accepter la rareté imposée par l’économie et en refusant de se soumettre aux exigences d’un monde qu’ils n’ont pas créé.
Le vol insurrectionnel se produit lorsqu’un individu prend ce qu’il désire sans demander la permission à quiconque, chaque fois que l’occasion se présente. Il s’agit alors d’un acte de défiance envers les règles économiques qui nous sont imposées. Il s’agit alors de prendre au tas une parcelle de l’abondance et de la beauté du monde qu’on a étouffé avec des clôtures. Il s’agit alors d’un acte insurrectionnel. Prendre ce que l’on désire, tout en donnant à tous ce que l’on produit, c’est ce qu’on appelle le communisme et ça, on peut le vivre immédiatement, ici, maintenant.
Pour assurer le contrôle social, les individus se font, dès leur naissance, dépouiller de leur vie. En échange, ils reçoivent la survie économique, l’existence misérable faite d’esclavage à temps partiel et de transactions commerciales qui le tuent à petit feu. On vous fait miroiter la possibilité de pouvoir racheter votre vie à prix fort, possiblement à crédit. À votre dernier souffle, vous paierez encore sans avoir connu ne serait-ce qu’une minute de liberté. Si on ne peut ni acheter, ni mendier notre vie, alors la seule solution est de la voler – c’est-à-dire prendre ce que l’on désire sans demander la permission.
Catégories :Montée de lait
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
Avouez que vous le faites exprès, non?
J’ai failli l’intituler «n’en déplaise à Bakouchachou».
:-D
Vous innovez en ce qui concerne l’orthographe de mon nom dans le cyberspace.
Bien que je sois en désaccord à priori avec vous (pas sur la question du vol ou du non respect de la propriété, mais en ce qui concerne le fait que la solution à nos problèmes passe par l’individualisme), j’admet que ce texte me semble à prime abord difficile à débouter.
J’ai rarement l’occasion d’avoir de la difficulté à contre argumenter qui que ce soit et c’est probablement le plus beau commentaire que je pourrais vous faire. Des belles femmes il en pleut, mais ce sont leurs charmes qui me déstabilisent, par leurs réflexions philosophiques.
Cela dit je pense vraiment que la société est érigée dans le but de se maintenir non seulement par la force, mais aussi en nous divisant les unEs des autres. L’État joue sur nos intérêts divergeants et nos situations propres. Nous avons pour la plupart d’entre nous intérêt à détruire l’État, mais les gens ne le voient pas car ils sont trop centrés sur leur train train quotidien et sur les conséquences qu’ils auraient à subir personnellement s’ils se révolteraient.
En s’unissant, je pense qu’on fait diminuer la peur un peu et qu’il est plus facile d’agir. Mais même si vous êtes convaincue que je suis un archo communiste, je maintiens que je suis un anarchiste sans étiquette et je pense qu’opposer individu et collectivité est un leurre. On peut concilier les deux approches.
D’accord sur certains points. Les manifs peuvent servir un objectif pédagogique mais ce ne sont qu’un moyen de pression (quand ce ne sont pas tout simplement des parades inutiles).
Les sacrifices que plusieurs doivent faire pour défendre leur cause sont beaucoup trop grands. Nous ne devrions pas avoir à fournir autant d’efforts pour gagner si peu.
Je pense que ce serait plus juste de distinguer (au moins) deux sens différents quand on parle d’individualisme. La définition populaire implique qu’on place certains individus au-dessus d’autres. Je pense qu’en général, ce n’est tout simplement pas réellement individualiste, puisque ça implique de limiter certaines personnes (généralement même une majorité) et d’en faire, ou essayer d’en faire, des individus moindres. Un individualiste conséquent devrait vouloir (ou au moins vouloir permettre) l’épanouissement le plus complet possible de tous les individus, et c’est là que des idées comme la propriété privée tombent.
Bakouchou » C’est que le «i» tréma est difficile à rejoindre sur mon clavier, alors je simplifie.
Je crois vous l’avoir déjà dit: ce ne sont que des questions de tactique qui nous séparent. Et aussi de priorité: je suis convaincue qu’il n’y aurait pas d’opposition fondamentale entre l’individu et le collectif si nous n’avions pas tous ces appareils de domination sur le dos, mais en attendant qu’ils soient abattus, bien égoïstement, ma petite personne passe avant le groupe. S’associer, pourquoi pas, j’apprécie des tas d’arrangements, surtout quand les vêtements sont en option. Il se trouve seulement que je n’attendrai jamais que Steve Chiasson et Linda Bédard se décident pour commencer à jouir de mon corps et de ma vie, ou pour m’attaquer avec les petits moyens qui sont les miens aux assises du pouvoir. Qui m’aime me suive et qui me déteste tente de m’arrêter.
Je crois que c’est la seule attitude à avoir pour préserver sa santé mentale. Sinon, on tombe à brève échéance soit dans le désespoir, soit dans le cynisme, soit dans la dépression (et je ne vise ici personne en particulier, hein.)
«Et je ne vise ici personne en particulier, hein.»
J’ai certains doutes honnêtement à ce propos. J’ai attendu un peu avant de répliquer, car je voudrais éviter une prise de bec.
Dans mon cas, il est plus que simpliste d’affimer que le fait que je sois dépressif chronique découle du fait que j’adopte certaines tactiques politiques qui ne vous plaisent pas. Je ne crois pas que je ganberais dans les prés si je suivrais votre voie. Qui sait, je serais pt encore plus malheureux.
Je ne pense pas que vous aviez voulu vous moquez de moi ou que vous considérez le désespoir comme étant du matériel à blagues (vous me semblez au-dessus de ça), mais vous êtes un peu entrée sur un terrain glissant.
Mais bon, vous aviez pt vraiment fais votre remarque dans un sens plus général et votre but n’était probablement pas hostile. Difficile parfois en lisant des commentaires sur Internet de cerner les intentions derrière la personne qui les écrit.
Si j’ai écrit que je ne visais personne, c’est spécifiquement pour éviter que VOUS vous sentiez visé. Manifestement, ça n’a pas fonctionné. Vous m’en voyez sincèrement désolée. Je vous fais toutes mes excuses.
D’accord avec Rykemasters, ici. Il y a un individualisme « négatif », et un autre « positif ». Celui promu par la société est un individualisme qui éloigne de l’épanouissement, alors que le véritable individualisme implique qu’on se réapproprie son espace et son temps, donc sa vie, et qu’on fasse et devienne ce que l’on veut bien faire et devenir.
Je ne crois pas non plus que l’individualisme soit à séparer du communisme ou communautarisme (que j’aime bien, en fait), mais l’individualisme (réel et positif) doit être facilité par la communauté.
Il est possible de faire les deux dans la société d’aujourd’hui, même si ce n’est pas toujours possible, et vivre comme on veut vivre ici et maintenant permet effectivement de soulager pas mal de pression, tout comme s’attaquer au système, même tout seul et de manière dérisoire. Ça ressemble pas mal à ce qu’on appelle l’intégrité.
Je ne suis propriétaire de presque rien… à part d’un ou deux ordinateur, quelques guitares, quelques livres. Et pour moi, la fin du mois sera encore difficile ce mois-ci. Inutile de vous dire que, parfois, j’aimerais avoir un peu plus…
Il se trouve que mon voisin est un capitaine de gendarmerie à la retraite qui a profité d’un système de répression lucratif pour s’enrichir et s’acheter une grande propriété avec une belle clôture autour. Je suis le locataire d’une de ses dépendances et, en ce moment, il est en vacances en Australie pour 3 semaines. Vous me voyez venir ?
Mon histoire semble bien belle mais elle est véridique je vous l’assure.
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Alors je vous demande : de quelle propriété parlez-vous ? Moi qui ai subi pas loin de trois cambriolages dans ma courte vie, tout ça est un peu vague.
Votre texte est un peu simpliste et soulève finalement bien des questions… car nous sommes finalement tous « propriétaire », ne nous voilons pas la face ! Et si c’était vous qui habitiez à côté de chez-moi ? (Vous le lecteur, pas vous ma chère Anne, hein on s’entend : je désire pouvoir continuer de me délecter de vos écrits en toute sérénité ;-)
Une lecture sur le sujet à me proposer peut-être ?
Bon, je vais aller voler chez vous Anne, je veux voler vos jouets sexuels ;)
Plus sérieusement, croupir en prison et me faire enculer sous les barreaux parce que je vous aurais volé vos jouets sexuels ou piller un club vidéo ne fait pas partie de ma conception de l’anarchie.
Je n’ai aucun problème avec le squat et l’occupation d’immeubles gouvernementaux, mais de piller un club vidéo ou de voler vos jouets sexuels (même si, hypothétiquement, j’en aurais besoin ;) ) ne sert aucun but insurrectionnel.
Par contre, dans des conditions où la survie est en jeu, je ne vois pas de problème avec le vol. De plus, il faut aussi noter que, en principe, selon le droit même de possession, aucune corporation (je ne parle pas des entreprises seulement enregistrées) ne détient un tel droit. Donc, le vol est moralement (et je ne l’encourage pas concrètement, sauf en cas de survie) légitime en ce qui concerne les illégitimes corporations.
Pixel rouge » Pour faire simple(iste), je répondrai: toute la propriété. La mienne comme celle de Monsanto et du gouvernement du Québec. Je ne suis pas contre le fait qu’on utilise des objets, je suis contre la propriété, c’est-à-dire les moyens mis en place pour limiter l’accès à ces objets, ce que j’appelle maladroitement «la clôture»: la police, les juges, les prisons, la loi, l’armée. Pour maintenir la clôture en place, on a besoin de violence, de répression et d’oppression, et c’est ce que je combats.
Maintenant, si on considère que la propriété est une institution oppressive à abattre, je connais trois façons de s’y attaquer. L’État peut exproprier et nationaliser, mais dans ce cas là, on reste avec de la propriété, même si elle est publique. Les travailleurs peuvent faire la grève révolutionnaire, s’emparer des moyens de production, créer des communes et pratiquer le communisme et l’autogestion. Je suis sceptique quant aux possibilités qu’une telle chose se produise avant que mon cadavre finisse de se fossiliser – sans compter que j’aurais du mal à ne pas m’endormir dans toutes ces assemblées et tous ces comités d’autogestion… Reste alors à s’attaquer à la clôture en volant ce dont j’ai besoin chaque fois que l’occasion se présente. Vous avez le droit de ne pas être en accord avec ce choix tactique (et là, je vise quelqu’un en particulier qui j’espère m’a pardonnée), mais je le trouve personnellement plus efficace et surtout plus amusant. Les anarchistes du début du xxe siècle appelaient ça de la reprise individuelle avant que ça ne dérape et dégénère en gangstérisme.
Je suis toutefois une égoïste et je sais que mes intérêts ne seront pas servis si je vais voler chez vous. Je n’ai pas envie de vous enfoncer davantage dans la misère, j’ai envie de vous aimer comme un amant ou vous combattre comme un ennemi digne de ma rage. Je vais plutôt aller voler chez ceux qui font de la propriété le moyen de leur domination sociale, because ce n’est que ce qu’ils méritent, et aussi parce que ce sont eux qui font le plus d’effort pour que la clôture reste érigée.
Mais j’y pense… moi aussi je me suis déjà fait cambrioler, deux fois même – j’habite un quartier pourri et les kids ont besoin de marchandises à vendre pour leur dope. Curieusement, ils ont surtout mis mes choses en pagaille et n’ont pris que quelques CDs – j’espère qu’ils ont découvert Schnittke et Berio avant d’aller les revendre. Pour ce qui est du reste… mon ordinateur est pourri, ma télé a un gros cul et même mes livres érotiques rares n’intéressent personne. Ma brosse à dents et mes dildos sont à vous si vous n’êtes pas trop dédaigneux. Lorsqu’on n’a pas de vertu, personne ne peut nous la souiller. Idem pour la propriété.
Ouais, ton avant-dernier paragraphe détruit mon idée sur « voler chez toi ». Bon point! En effet, je ne veux pas t’enfoncer dans la misère.
Je vais réfléchir au reste…
j’aime l’idée d’individualisme ,elle a quelque chose d’interdit par la morale et implicitement par la loi
j’aime ton analyse qui veut que l’on ne vis ou ne peu vivre son individualisme qu’avec les clôtures ( terme que je comprend)
le vol me fais pas bander pour quelque raison que tu lui trouve
il a tendance a rapprocher les clôtures au niveau de la cellule
je ne suis pas un révolutionnaire et mon insurrection est malgré tout permanente
stirner parle d’égoïsme et de coopérative d’égoïste
j’aime pas le communisme ni le bon peuple d’ailleurs en fait j’aime pas les gens. par contre leur versant individus m’est du plus grand intérêt
il ne faut pas confondre la masse, les individus et les égoïstes
je pense être tout de même (bien que tu démontre que c’est peu probable) un individualiste regardant son autrui afin de définir avec lui nos espaces respectifs et communs de non clôture.
salutte
Bonsoir,
J’ai eu la chance de tomber sur ce blog en cherchant des infos sur « de la servitude moderne » que j’ai visionné récemment. J’ai été séduite par la qualité des échanges et par ce côté aigre doux des billets qui séduisent, mais surtout, portent à la réflexion. Je me « risque » ce soir à un premier commentaire, bien modeste contribution, qui sera en fait une question.
S’opposer à la propriété comme système d’oppression par une tactique visant l’appropriation individuelle par le vol me paraît une action conséquente aux effets recherchés, dans l’optique d’une réflexion telle que celle que vous proposez. En théorie, ça se tient bien et se défend tout aussi aisément. Cependant, dans la pratique, quelle place accorde-t-on au risque encouru et aux conséquences qui pourraient découler du vol ? Je ne parle pas ici de payer le prix personnel de voir sa liberté physique restreinte par l’emprisonnement. Je parle de la justice, des forces de l’ordre et du système carcéral, oui, mais en terme de prix idéologique. En volant, on risque de se faire prendre. N’est-ce pas là accepter d’être susceptible de contribuer au renforcement de ces autres systèmes oppressifs ?
Je suppose qu’il faut voler intelligemment, mais je demeure dubitative sur notre capacité à contrôler parfaitement tous les facteurs de risques qui sont reliés au vol.
Peut-être alors qu’il faudrait tous voler ? Ainsi les prisons et le système juridique ne seront être en mesure de gérer l’abondance de cette désobéissance civile et les murs tomberont. Mais si on vole tous, peut-on encore parler d’individualisme ? Une collectivité d’individus posant tous des gestes de la même couleur sont-ils toujours singuliers ?
« L’économie – qui n’est rien d’autre que la domination de la survie au détriment de la vie – est essentielle au maintien de toutes les autres formes de domination. Sans la menace de la pénurie, du manque, de la carence, il serait difficile de contraindre les individus à l’obéissance, à la routine quotidienne et mortifère du travail et du salariat. »
Parfaitement dit, Anne! Tellement vrai que j’ai mis ça comme citation sur mon blogue… pis fuck Malatesta, ostie! :)
JesslaPeste:
« Je suppose qu’il faut voler intelligemment, mais je demeure dubitative sur notre capacité à contrôler parfaitement tous les facteurs de risques qui sont reliés au vol. »
Pas juste intelligemment… collectivement autant que possible. C’est ce que les autonomes font en Grèce depuis quelques années déjà… dévalisant les supermarchés et autre gros magasins, et distribuant les goodies parmi la foule dans la rue. Des gens de la CCF ont aussi fait d’autres actions Robin des Bois, comme se pointer un samedi soir dans un coin de bars et cafés du centre-ville d’Athènes, briser un ATM et laisser les jeunes ramasser le poignon qui coule de la machine.
Ça, c’est le genre de tactiques qui solidarise vraiment les masses à la cause de la libération du capitalisme… rien à avoir avec les osties de jeux des cubes rouges dans la rue sous le regard paternel des flics militants, et leurs meetings avec les undercovers de la FECQ/FEUQ.
si le manque, la pénurie est le maintient de l’économie comment les empires ce sont créé alors?
doit y avoir un truc que je n’ai pas saisi.
pour moi l’économie tenais en donnant une valeur a un objet qui n’est pas en relation avec son mode de fabrication .
passant sur la valorisation du savoir faire et de la rareté du matériaux mais appuyant sur le « donner besoin » et sur la création mentale de l’envie instantanéité
il n’y a pas pour moi pénurie de vital mais manque de création et il n’y a de manque que sur le superficiel
enfin peut être que je me trompe.
Il y a une différence entre la possession et la propriété, surtout quand on parle de la propriété privée des moyens de production. Il me semble que vous entretenez une certaine confusion à ce niveau.