Prenez un jeu de tarot
Étendez-le sur la table
Retirez-en l’arcane
Appelé le Mat
Puis, montrez-le
Aux prud’hommes
Aux croquants
Aux femmes sensées
Aux hommes de bien
Et ils s’exclameront:
«C’est un poète
Un fou
Un vagabond
Un ivrogne
Un sauvage
Un désœuvré
Une femme à barbe
Une sale gosse
Une pauvresse
Une jouisseuse
Une ratée
Une exclue
Une fouteuse de merde»
Mais vous et moi
Qui savons regarder
Sourirons d’un air complice
Et dirons en aparté:
«C’est un sage
C’est un révolté
C’est un anarchiste»
Le mat est la rage d’exister
La joie folle de vivre
Le saut dans l’inconnu
Dans l’imprévisible
Dans le chaos
Immémorial et éternel
Le mat a un nom
Mais pas de numéro
On ne sait trop où le placer
Parmi les autres cartes
Il est inclassable
Irréductible à toute
Catégorisation
C’est l’en-dehors
Celui qui n’est
Ni maître, ni esclave
Qui ne suit pas le troupeau
Et qui ne le dirige pas
Il est l’énergie originelle
Sans limites
L’impermanence
Et la transformation perpétuelle
Le mat avance
Il marche en marge
Sans appartenance
Sans nationalité
Hors la cité
Hors la loi
Hors la morale
Etranger à la décence
Et aux usages convenus
Une bête a déchiré son froc
Elle le pousse avec ses pattes
Sous les vertèbres coccygiennes
Sur le périnée
Le chakra mûlâdhâra
Le centre nerveux qui concentre
Toutes les influences de la terre
La bête est derrière lui
La bête le pousse
Sa nature animale
Ses désirs
Le projettent en avant
Sa liberté
Est réalisation de ses désirs
Réalisation de sa nature
Un devenir sans entrave
De ce qu’il est
Fondamentalement
Le mat est un nomade
Il tient le bâton du pèlerin
Son chemin est à la fois
Unique et multiple
Il est vivant, organique
Insécable comme un flot qui coule
Comme un flux qui roule
Comme un fleuve qui gronde
Et qui rejoint l’océan ineffable
Le mat marche sur cette voie
Illimitée, indéfinie et indéterminée
De laquelle naît sans cesse
L’infinité des êtres
Sur cette réalité toujours variable
Qui ne cesse d’être remaniée
Composée et recomposée
Et sur ce chaos aveugle des forces
Et des puissances
Sur cette voie qu’on appelle
Tao, apeiron, anarchie
Qui est à la fois le réel et le possible
La réalité de tous les possibles.
Catégories :Crise de larmes
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
Tu viens de trouver le premier truc qui a un sens dans le tarot! ;)
merci pour la belle description!!
Oui, Anne, c’est à peu près ce que je pense du Mat, sauf qu’il est fou de Dieu et s’aident des créatures du ciel, de la terre et des eaux, au fil de sa marche, pour venir voir les ennemis des Dieu, qui sont aussi, aujourd’hui plus que jamais, les ennemis des anarchistes. Quand le monde est dégoutant, irrespirable, que nos tarés contemporains rigolent de leur propre asservissement en s’amusant sur des gadgets sans manquer d’humilier celui qui a un mimétisme de retard et estime que, « mmh, la vie mérite autre chose qu’un Iphone », alors, à ce moment, quelques hommes et femmes se mettent en marche, littéralement (car c’est pas plus compliqué), pour briser les menteurs tout-puissants, les impudiques (ceux qui humilient les braves, les bons, les libres) et dire aux humiliés à la marge qu’il rencontre dans les petits villages: « tu crois que tu ne travailles pas parce que tu n’as pas de salaire et qu’on ne t’emploie pas, mais ton oeuvre est grande parce que tu souffre pour tous avant toi, ta colère est grande car tu vois ou sens les outrage fait à la liberté, ton amour est grand car tu sens Dieu que tu sais un mais saisi sa marque partout, aussi tu es un roi en Esprit, accorde-donc à ta colère ses droits, fait grandir ton amour encore, toi qui est plus grand que les ayants et les moqueurs, garde indomptable ton cordon ombilical vertical qui mène au ciel, éprouve les faux-prophètes, éprouves les moralistes, les usurpateurs de Son nom, et montre-les menteurs, puis combat en t’aidant de la terre et de tout ce qui l’habite, viens, viens, lève-toi, marche, choisi ton ange dans l’Apocalypse, choisis ton élément, offre toi en hollocauste contre cette parodie d’ordre ».
Anne, je t’ai lu déjà il y a près de 12 ans (à partir de la web’s worst page d’ed wood à l’époque:-). T’ai oublié pendant 7 ans. N’ai jamais posté. Suis revenu car j’ai repensé à toi en pensant aux québécoises dans les rues, que j’imagine bien sûr sans petite culotte. Je suis allé voir les religieux pendant ces 7 ans d’oubli, j’ai trouvé que c’était le bordel. J’ai gardé Dieu quand-même. Et je bénis l’anarchie. Tout cet anti-monde brulera selon tes souhaits:-)
Aussi, je me demandais ce que pensais Anne Archet de l’Apocalypse de Jean, sans se théologiser la tête, ce qu’elle pensait de cet immense souffle de liberté, de tolérance, d’amour fou (à en faire se mouvoir ciel et terre) qui s’en dégage. Le plus bel anarchiste, le préféré de Jésus, n’est-ce pas Jean sur l’île de Patmos qui nous offre, via les visions qui lui sont données, la musique, le bruit, la fureur d’une liberté retrouvée et, surtout, nous invite à y participer pleinement, et notamment en marchant en solitaire comme le Mat?
Qu’importe, pas de querelle ici, je te prends et t’aime en entier, si loin de Dieu que puisses penser te trouver:-)
Samuel
PS: lors de ma très longue marche solitaire, à deux pas de là (petit village du Jura français) où un bébé de 2 ans est mort d’une maladie moderne 1 jour avant ce petit film , je trouve cette rivière de sang (ou de peinture, qu’importe). Ca pourrati te plaire. J’ai rajouté des artifices (Barbara et une femme libre) mais pas trop. C’est très amateur, mais je ne crois pas en internet (sic) ni aux soins vidéo.
Et puis les fondations (si tu trouves ça hideux visuellement, et malvenu dans le choix musical, c’est normal, mais si tu persistes et vois, tu seras très étonnée):