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Ode au prolétariat organisé

Un soleil radieux brillait de tous ses feux dans le ciel
Au dessus du Ceasar’s Palace de Las Vegas Nevada
En ce jour béni du 16 mai 1986 où les délégués
Du congrès de la Fraternité internationale des Teamsters
S’étaient assemblés pour acclamer leur président
Le gargantuesque et oléagineux Jackie Presser
Dont les cent quarante kilos et demi de graisse,
Assis dans un chariot doré de carton-pâte
Firent leur entrée dans la rutilante salle des congrès
Tirés par quatre Teamsters habillés en centurions d’opérette

Cette procession impériale donna le ton des délibérations
Où les délégués réélirent massivement leur empereur
Même si quelques jours à peine avant le début congrès
Son altesse sérénissime venait d’être formellement accusée
D’escroquerie et de détournement des fonds du syndicat
(Le fait que les délégués aient été nommés pour la plupart
Par l’auguste Jackie lui-même ayant facilité bien des choses.)

Toutes les motions soumises par l’opposition furent ainsi défaites
Dont celle de ramener le salaire annuel du Guide Suprême
De cinq cent mille dollars à cent mille dollars par année
Sam Theodus, le candidat défait à la présidence
Qui ne reçut que vingt-quatre minuscules petites voix
Fut soumis à la longue torture d’un vote nominal de quatre heures
Où les mille sept cents délégués se levèrent un à la suite de l’autre
Pour japper bruyamment leur appui au commandeur des croyants.

Le congrès se termina sur une note sublimement macabre
Alors que les délégués rendirent hommage à Jimmy Hoffa
Disparu depuis onze ans, en lui faisant l’honneur
D’amender la constitution du syndicat pour lui assurer
Un poste de président émérite et de grand timonier à vie
Juste au cas où il daignerait réapparaître devant ses fidèles.

Catégories :Grognements cyniques

Tagué:

Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

7 réponses

  1. La police secrète fait bien son travail. Elle informe comment chacun vote. Les récompenses se font valoir en conséquence…

  2. Je crois que pour comprendre cela, il faut lire ou relire Vladimir Ilitch Oulianov (dit Lénine).

        À un moment, la Chine a produit en plusieurs langue des petits livres très bien traduits de Lénine. On doit pouvoir en trouver chez des bouquinistes à des prix ridicules.

    Celui qu’il ne faut absolument pas manquer, c’est « Le gauchisme, la maladie infantile de communisme.&nbsp»
    Il l’a écrit en 1920. Ce n’est pas de la théorie politique, c’est une synthèse de ce qu’est réellement le pouvoir politique écrit à partir de l’expérience d’un homme qui est à la tête d’un des plus grand pays du monde.

    Il explique très bien le potentiel de désordre que représente la partie du prolétariat le plus intégré dans la machinerie économique et combien elle représente un groupe très similaire à celui des patrons des petites voire très petites entreprises.

    Ces derniers lors des crises économiques graves qui, en général, les frappent de plein fouet, haïssent les financiers fiduciaires et les politiciens qui les soutiennent.

    Mais ces groupes, même si pendant un temps, semblent adhérer à un profond bouleversement social et économique, leurs actions n’ont d’autres objectifs que de restaurer les conditions de leurs prospérité.

    Ils ne ressentent aucun besoin de se fédérer plus largement à un mouvement social. Seuls comptent leurs intérêts strictement réduit à leur corporation.

    Et ce corporatisme étroit de métier ou de commerce était déjà la cible de révolutionnaires de 1789 qui voyaient d’un mauvais œil ces organismes professionnels qui organisaient la main-mise complète sur leur secteur économique de prédilection.

  3. @Ogur, ce jour-là, la démocratie éclatait à pleine voix.
    Point de vote anonyme et secrètement émis dans l’isoloir.
    Non.

    Lors d’un dantesque et théâtral cérémonial, chaque votant se lève parmi l’assemblée et dit à voix haute et forte pour qui il vote.

    On ne voit guère la nécessité d’une police secrète dans ce cas d’espèce si cruellement décrit, pas à pas, par la belle , la vivace et l’invierge anarchiste d’aujourd’hui.

  4. Malgré la canicule …

    Il se trouve toujours l’un ou l’autre histrion attardé, vérolé comme un vulgaire disque dur, porteur de cette foi douteuse et triviale qui lance les imbéciles par grappes à l’assaut du chemin vicieux.

    Il leur fait briller l’un ou l’autre biscuit réfractaire à la dent.

    Le rouge est mis la main passe et cependant le lourd convoi s’ébranle et poursuit sa route insoucieux des lois de la gravitation.
    La bête immonde, nantie d’un sexe entomologique, cherchera toujours l’anaphrodisiaque putain qui voudra bien la sucer.

    Un cafard pas mieux n’aurait donné le change
    Un cafard s’oublie la nuit
    Un cafard porteur de bougie
    Rien à déclarer
    Nous sommes fous à lier et ça ne fait que commencer
    C’est moi qui vous le dis

    « Vivre ici disais-tu me rassure et m’ennuie »

  5. « La gloire des histrions, gladiateurs, pantomimes a parfois rendu jaloux des personnages haut situés »
    – Théophile Gautier –

    Et leur névrose de cabotin leur interdit de quitter la scène.
    Surtout, ils ont de quoi distribuer à quelques uns au dépend du plus grand nombre.

    Et ce plaisir là d’offrirleur est plaisir inégalé, inavouable aussi malgré la renommée de leurs largesses.

    « Entremetteur&nbps;» est celui-là, le plus vieux métier du monde. Quoi qu’on dise des femmes.

    Encore faut-il savoir où placer l’entremise !

  6. Bien vu Egide et j’ajouterai ces lignes que je viens d’écrire pour une « autre et même » cause:

    La pratique de la cavillation par les casuistes parmi les littérateurs les plus raffinés, l’attitude est connue. Elle assure dans les officines des ministères et dans les comités de rédaction d’une reconnaissance qui se rémunère directement de facilités et de services accordés par la pyramide et ses réseaux.

    Ils sont accordés avec d’autant plus de grâces qu’il faut, dans « l’art » de la casuistique consentir à des efforts qui attestent d’une allégeance subtile et profonde ; plus certainement qu’un ralliement grossier et tapageur serait suspecté de tirer partie de ce qui lui est unilatéralement nécessaire.
    Conçu dans l’effort et la profondeur ampliative elle laisse également et de manière durable, persuasive et contestable par le déploiement de raffinements qui oeuvrent en sens contraire, une empreinte forte dans l’esprit d’un public impressionnable comme le seraient des individus perméables à certaines affectations intellectualistes et à la « vraisemblance » émotionnelle du sophisme. Cette société domestiquée réprouve la démesure et l’ampliation qu’elle œuvre dans un sens ou dans son contraire a généralement meilleur accueil qu’un geste tranché du moment que le spectacle intègre des débats d’apparence tout au plus contradictoires qui le survivent : arracher les journaux à leur présentoir et les déchirer m’a toujours semblé préférable.
    (…)

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