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Le flic est (aussi) dans notre tête

«Le contrôle de la morale et de la logique nous ont infligé l’impassibilité devant les agents de police — cause de l’esclavage.»
(Tristan Tzara, Manifeste Dada 1918)

J’habite en Amérique du Nord — au Québec, pour être plus précise — un endroit de la planète où les anarchistes se font rares. Mais, la chance aidant, il m’arrive d’en rencontrer et je suis chaque fois surprise de constater à quel point les anars conçoivent l’anarchie comme un principe moral. Certains vont jusqu’à considérer l’anarchie comme une sorte de déité à qui ils ont consacré leur existence — confirmant de ce fait mon sentiment que ceux qui veulent réellement expérimenter l’anarchie doivent se dissocier autant qu’ils le peuvent de l’anarchisme.

Par exemple, je connais un gentil anar, tout ce qu’il y a de plus anticonformiste, qui m’a déjà dit sans même tiquer que pour lui, l’anarchie est «le refus par principe d’user de la force pour imposer sa volonté aux autres». Ceci implique que la domination n’est finalement rien d’autre qu’une question de décisions morales individuelles plutôt qu’une question de relations et de rôles sociaux. Ce qui revient à dire que nous sommes tous en position égale d’exercer notre domination sur les autres et que nous devons tous et chacun nous plier à une stricte autodiscipline pour éviter de le faire. Au contraire, si nous admettons que la domination est une question de relations et de rôles sociaux, ce principe moral devient parfaitement absurde, un moyen de distinguer les élus des damnés. Pis encore, cette définition morale de l’anarchie place les anars dans une position de faiblesse désespérée, les désarme littéralement dans une lutte déjà inégale contre l’autorité. Toutes les formes de violence contre les individus et la propriété — les grèves générales, le vol à l’étalage et même des activités aussi bénignes que la désobéissance civile — constituent des moyens d’user de la force pour imposer sa volonté aux autres. Refuser d’user de la force pour imposer sa volonté, c’est accepter de devenir complètement passif; c’est accepter de devenir un esclave.

Si l’anarchie signifie de s’imposer une règle de conduite stricte pour contrôler sa propre vie, dans ce cas l’anarchie est une antilogie sans intérêt.

L’anarchie n’est pas un principe moral mais une situation, un état d’existence où l’autorité n’existe pas et le pouvoir de contrôler est éliminé. Une telle situation ne garantit rien — même pas sa propre pérennité — mais offre la possibilité à chacune d’entre nous de créer notre propre vie en accord avec nos propres désirs et nos propres passions plutôt que de se conformer aux exigences identitaires et comportementales de l’ordre social. L’anarchie n’est pas le but de la révolution; c’est la situation qui rend le seul genre de révolution qui m’intéresse possible, un soulèvement d’individus voulant créer leur vie pour eux-mêmes et détruisant tout ce qui fait obstacle à ce processus. C’est une situation hors du champ de l’éthique, une situation qui nous présente le défi amoral de vivre sans contraintes.

Puisque l’anarchie est par définition amorale, l’idée kropotkinienne de morale anarchiste m’est hautement suspecte. La morale est un système de normes et de valeurs qui sert à départager le bien du mal. Elle implique l’existence d’un absolu qui doit régler leur existence et leurs comportements. Que la morale soit religieuse, kantienne ou utilitariste, qu’elle soit celle de Rawls, de Nozick, de Jonas ou de Taylor, elle se situe toujours à l’extérieur et au-dessus des individus. Dieu, la Patrie, l’Humanité, la Prospérité, le Bien commun, la Justice, l’Environnement, l’Anarchie et même l’Individu (comme principe) sont toujours des abstractions — Stirner dirait des fantômes — des idées générales en tant qu’elles se présentent comme des réalités à part entière, comme des réalités supérieures à l’individu. Or, les idées ne sont que des produits de la faculté d’abstraction et de généralisation de l’être humain. Elles sont donc ses propres créatures et, par le fait même, inférieures à leur créateur. Le drame, c’est qu’une fois que ces idées sont constituées, elles sont détachées artificiellement de leur auteur qui les place au-dessus de lui. C’est la séparation entre le fantôme et l’individu qui donne son sens à ce que l’on nomme le sacré (sacer en latin, qui signifier «coupé, séparé»). Est sacré tout ce qui est séparé de l’individu et placé au-dessus de lui. Si les idées sont miennes, je peux me battre pour les défendre. Mais en me battant pour elles, c’est en réalité pour moi-même que je me bats, pour ce qui m’appartient et non pas pour une cause extérieure à moi, un principe moral auquel je dois me sacrifier.

Moralité et jugement sont indissociables. La critique — même acerbe, même virulente — est essentielle à l’élaboration et à la rectification de notre analyse et notre pratique rebelle, mais le jugement doit être absolument éradiqué. Le jugement de valeur classe les individus en deux catégories: coupable et non coupable. Or, la culpabilité est une des armes les plus puissantes de la répression. Lorsque nous jugeons et nous condamnons les autres et nous-mêmes, nous agissons pour supprimer la révolte — ce qui est exactement le rôle de la culpabilité. Évidemment, cela ne signifie pas que nous ne devrions pas détester ou même souhaiter la mort de quiconque. Cela veut plutôt dire que nous devons reconnaître ces sentiments comme une passion personnelle et non un élan moral. La critique radicale naît des expériences réelles, des activités, des passions et des désirs des individus et a pour objectif de libérer l’esprit de révolte. Le jugement provient quant à lui de principes et d’idéaux situés à l’extérieur de nous-mêmes; son objectif est de nous enchaîner à ces idéaux. Chaque fois que des espaces et des moments anarchiques ont pu exister, le jugement a eu tendance à disparaître temporairement, libérant ainsi les gens de la culpabilité, comme lors de certaines émeutes où des gens qui toute leur vie ont appris et intériorisé le caractère sacré de la propriété se mettent à piller joyeusement. La morale a besoin de la culpabilité; la liberté exige son élimination.

Mais ce n’est pas tout. La morale est aussi une source de passivité. Au cours de ma trop courte vie, j’ai pu étudier plusieurs situations anarchiques à grande échelle et même vivre personnellement quelques petites bribes limitées et fugaces d’anarchie. Chaque fois, l’énergie finit par se dissiper et la plupart des participants retournent à la non-vie qui était la leur avec l’insurrection. Ces événements montrent que, malgré la puissance du contrôle social, il y a toujours possibilité d’adopter la ligne de fuite. Mais le flic dans notre tête — la morale, la culpabilité et la peur — est toujours là, jour et nuit, à nous surveiller. Chaque système moral, même les plus libéraux, établit par nature des limites à nos possibilités, des contraintes à nos désirs. Ces limites n’ont rien à voir avec nos propres capacités; elles proviennent d’abstractions qui ont pour fonction de nous empêcher d’explorer notre potentiel. Dans le passé, lorsque l’anarchie s’est présentée, le flic dans notre tête a toujours épouvanté les rebelles, a toujours pu les dompter, les mater et les obliger à battre en retraite, à retourner bien sagement dans la sécurité de leur cage. Et l’anarchie a toujours disparu.

Cette constatation est cruciale puisque l’anarchie n’apparaît pas comme ça, de nulle part. Elle naît de l’activité de gens frustrés par leur non-vie. Il est possible pour chacun d’entre nous à n’importe quel moment de créer une telle situation. Évidemment, un tel geste serait la plupart du temps tactiquement idiot, mais ça n’enlève rien à sa possibilité. Pourtant, nous semblons tous et toutes attendre patiemment que la liberté nous tombe du ciel — et lorsque la situation se présente, nous n’arrivons jamais à faire durer l’expérience bien longtemps. Même ceux et celles d’entre nous qui ont consciemment rejeté la morale sont hésitants, s’arrêtent pour examiner chaque geste et chaque action, terrorisés par les flics même s’il n’y a pas l’ombre d’un flic dans les parages. La morale, la culpabilité et la peur agissent comme un flic dans notre cervelle en détruisant notre spontanéité, nos passions, notre capacité même à vivre pleinement notre vie.

Ce salaud de flic va continuer de supprimer notre désir de vivre et notre révolte jusqu’à ce que nous apprenions à prendre des risques. Je ne dis pas qu’il faut prendre des risques stupides — aboutir en prison ou à l’asile n’est pas ce que je considère comme une expérience libératoire — mais sans risque, il ne peut avoir d’aventure; il ne peut tout simplement pas y avoir de vie. L’activité qui naît de nos passions et de nos désirs et non de tentatives de se conformer à certains principes et idéaux ou encore à se conformer aux normes d’un groupe particulier (même anarchiste!) est la seule façon de créer une situation anarchique, la seule façon de s’ouvrir à une vie limitée uniquement par nos propres capacités. C’est la seule façon d’aller au bout de nous-mêmes.

Évidemment, ceci exige que nous apprenions à exprimer librement nos passions, un talent qui ne peut être développé que par la pratique. Lorsque nous ressentons du dégoût, de la colère, de la joie, du désir, de la tristesse, de l’amour ou de la haine, il est impératif de l’exprimer. C’est loin d’être facile. La plupart du temps, lorsque vient le temps de le faire, j’adopte moi-même les comportements dictés par mon identité et le contexte social dans lequel je me trouve. Quand j’entre dans un magasin, je suis submergée de dégoût pour tout le processus des relations économiques, mais je paie et je remercie poliment le commis avec qui j’entre en transaction. Si au moins je lui offrais mon meilleur sourire pour couvrir un vol à l’étalage, ce serait plus rigolo, puisque j’utiliserais mon intelligence et mon charme pour obtenir ce que je désire. Mais non, je ne fais que me plier aux ordres du flic dans ma tête. N’ayez crainte, je me soigne; mais il me reste tellement de chemin à parcourir! J’essaie de plus d’agir selon mes pulsions spontanées sans me soucier de ce que les autres vont penser de moi, de laisser libre cours à mon imagination, à ma créativité. Je ne suis pas assez sotte pour croire qu’agir ainsi me rendra infaillible ou m’empêchera de faire des erreurs regrettables. Mais je suis certaine de ne jamais commettre des erreurs aussi funestes que celles que l’on fait lorsqu’on accepte l’existence de mort-vivant que l’obéissance à l’autorité, ses règles et sa morale engendrent. Je le répète: la vie sans risque, sans la possibilité de commettre des erreurs, n’est pas la vie. Ce n’est qu’en prenant le risque de défier toutes les autorités que nous pouvons espérer vivre pleinement.

Je refuse toutes les contraintes qui pèsent sur ma vie. Je veux que soient ouvertes toutes les possibilités pour que je puisse créer ma propre vie, en tout temps. Ce qui signifie saboter tous les rôles sociaux et abandonner la morale. Quand un anarchiste ou un quelconque révolutionnaire se met à me prêcher ses principes moraux — que ce soit la non-violence, l’écologie, le communisme, le militantisme ou même le plaisir obligatoire — j’entends un flic ou un curé, et je n’ai rien à faire avec ce genre d’individu, à part bien sûr les défier.

J’ai assez de flics dans ma tête — sans compter ceux qui grouillent dans les rues — pour avoir envie d’en inviter d’autres, même s’ils sont anarchistes patentés et vaccinés.

Catégories :Montée de lait

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Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

19 réponses

  1. Je ne pense pas que l’on puisse se passer de valeurs (et je suppose qu’on pourrait appeler ça morale) si l’on désire vivre dans une société juste, égalitaire où il n’y aurait plus de hiéarchies et où la liberté aurait un sens.

    Toi même tu juges le capitalisme et la démocratie «représentative», non (et avec raison)? Hors si tu portes un jugement, tu le fais selon certains principes, certaines valeurs. Que ce soit sur une base égoiste ou altruiste importe peu.

    Si tu veux éléminer toutes formes de valeurs, pourquoi se départir du capitalisme dans ce cas? Sur quelles bases?

    S’il n’y a plus de morale ou de valeurs, alors n’importe qui peu tuer et/ou violer qui bon lui semble.

    Ou bien ce que tu prones mène au capitalisme sauvage (on est en plein dedans), ou bien ça mène au nihilisme.

    Et bien que je crois que l’on doive s’inspirer d’une partie de la mouvance nihiliste, ce n’est pas un modèle à suivre pour arriver à la révolution.

  2. Anne Archet prove encore une foir qu’elle n’est qu’une égoïste au sens le plus simpliste, au plus bas niveau possible…

    Selon elle, « chaque système moral, même les plus libéraux, établit par nature des limites à nos possibilités, des contraintes à nos désirs. » Est-il surprenant que les gens pensent que les anarchistes sont des anomistes et des nihilistes, quand on entend des propos si délirants?

  3. La non-agression est une valeur morale essentielle pour un anarchiste.

    Je ne parle pas de toutes les formes de violence, qui peuvent parfois être consenties. Les anarchistes ne devraient pas être anti-violence.

  4. François, je te trouve un peu trop dur avec Anne. Elle ne fait que décrire une façon individuelle de vivre l’anarchie à sa propre manière le mieux possible, dans le contexte actuel.

    Elle ne décrit pas des modes d’organisations anarchistes dans un contexte d’anarchie.

  5. Les faiseurs de systèmes aiment japper, c’est bien connu. Ce n’est que lorsqu’ils sont au pouvoir qu’ils se mettent à mordre.

  6. «Les faiseurs de systèmes aiment japper, c’est bien connu. Ce n’est que lorsqu’ils sont au pouvoir qu’ils se mettent à mordre.»

    Peut-être bien, mais un système ne veut pas forcément dire qu’une minorité sera au pouvoir. C’est tout à fait juste historiquement, mais le passé n’est pas forcément garant de l’avenir.

    Si on accepte la vie en société (qui me semble indispensable), on doit penser à une forme d’organisation sociale non?

    La question est la nature de cette organisation. Organisation n’égale pas forcément répression, domination, endoctrinement, etc.

    Sinon je vais dans le même sens qu’anarcho-pragm. Elle à tout à fait droit à son opinion et tu prends ça trop à coeur François.

    Ce n’est qu’un blog après tout.

  7. A.-P. «Est-ce vraiment nécessaire comme précepte? Je crois à l’échange volontaire entre individus mais de là à obligatoirement faire partie d’une société, il y a une marge.

    Et si on abolissait la société?»

    Ma réflexion m’amène à penser que la société est non seulement nécessaire, mais souhaitable. Le DIY a ses limites, on ne peut faire tout par soi-même.

    Extrait du texte mentionné plus haut:

    «les projets collectifs ne sont pas exclus de cette lutte, bien au contraire, mais ils naissent de la conjonction des désirs individuels et se dissolvent au besoin, dès qu’ils se raidissent, dès qu’ils semblent se transformer en relation sociale»

    De quels projets collectifs parlent on ici? De toute manière, en ce qui concerne «la conjonction des désirs individuels», il est évident que si l’autogestion ne vient pas d’un désir de la part du «peuple» (notion vague) et bien elle ne vaut plus rien. Mais il est évident que le projet auquel j’adhère se veut participatif (l’économie participative, le nom le dit!). Le problème selon moi, c’est que son analyse d’écoule de la société actuelle et telle qu’elle fût par le passé. Elle est incapable d’envisager une société où il n’y aurait pas hiéarchies et où l’individu aurait un contrôle sur ce qui est produit, consommé, décidé, etc. Qui dit qu’une société nouvelle ne sera pas désiré et désirable par la majorité voir la quasi totalité de l’ensemble des individus qui se trouvent sur cette Terre?

    Un des points qu’elle avance si je ne me trompe pas, c’est qu’elle lie société et contraintes. Mais ce qu’elle prône serait aussi contraignant, si ce n’est plus. Au départ, elle serait obligé d’aller à la campagne et de faire fructifier son lopin de terre, car elle serait obliger de «produire sa nourriture» (comprenez ici, l’agriculture) et cette tâche unique occuperait tout son temps. Et même avec une commune (et déjà là, on retourne à une vie sociale), elle serait incapable avec son lopin de terre de produire assez de nourriture pour subvenir à ses besoins. Un réseau devrait être mis en place (mettons un troc de nourriture) pour pouvoir avoir tout ce dont elle a besoin….et son utopie s’effondre.

    Et encore, j’ai uniquement parler de nourriture. Qu’en est-il de l’eau? Les vêtements, le chauffage, etc. On parle ici de besoin essentiels. Elle ne pourra pas combler ses besoins par elle même, c’est physiquement et humainement impossible.

    Hors, on parle ici uniquement de survie (qui est déjà impossible) et non pas de la vie. Fini la musique, la littérature, les arts en général. Ça ne disparaîtrait pas complètement mais sans distribution organisée et efficace, ça devient vachement plus mince comme activité.

    Idem pour ce qui est d’un paquet d’autres activités (sports, loisirs, etc).

    Elle a de bonnes intentions, mais je pense que si on va au bout de sa pensée, on arrive à une catastrope.

    Je préfère M Albert et l’économie participative pour l’instant, face à un DIY (do it yourself), romantique, idéaliste et tout simplement impratiquable en dehors de l’imaginaire.

  8. Je ne prends pas ça à coeur, mais je suis définitivement toujours enthousiaste à exposer les failles des « agnostiques » et autres quasi-nihilistes flous. Des phrases comme « La morale… agi[t] comme un flic dans notre cervelle en détruisant notre spontanéité, nos passions, notre capacité même à vivre pleinement notre vie » ne peuvent qu’élever mon désir de contredire. C’est un drapeau rouge dans la face de tout réaliste.

  9. Les failles des «agnostiques»? Je connais uniquement ce mot par rapport au débat sur l’existence de Dieu, les agnostiques étant les seuls à prétendre qu’il est impossible de prouver l’existence d’un Dieu, mais qu’il est également impossible d’appuyer sa négation sur des faits scientifiques. Peut-être que ce mot à une autre signification, mais si oui je ne la connais pas.

    Je suis loin d’être nihiliste (malgér mon pseudo ambigu), mais je suis agnostique, au sens que je défini plus haut.

  10. Anne…et depuis quand flic rime-t’il avec morale… ?
    A part ca
    P’tet bien que la seule facon d’etre libre c’est de devenir flic, juge, censeur ou pire si ca existe, je ne sais pas moi, liberateur, conducteur, grand timonier, guide supreme…

    Allez j’suis sur qu’ils nous r’mettrons dans l’droit chemin vite fait, a grand coup d’ Caligula dans la tronche pour qu’on comprenne bien les limites de la liberte et qu’surtout on s’en souvienne une fois pour toutes…

    Et si Dieu, la Patrie, l’Humanité, la Prospérité, le Bien commun, la Justice, l’Environnement, l’Anarchie et même l’Individu (comme principe) sont toujours des abstractions…
    Et bien La Liberte aussi, p’tet ben qu’c’est meme un mythe !

    Tu t’prends trop la tete Anne, c’est aussi ca l’alienation, vivre par l’idee pour des idees…c’est la terreur de la justification, le totalitarisme du sens, celui de l’utilite, de la coherence…ca c’est des flics, mais seulement si tu les laisse t’attraper

    Fais-toi un peu confiance
    Des fois t’es immorale?…au poil!
    Des fois t’es morale? Y’a pas d’mal
    Des fois tu delires ? Qu’importe le flacon!
    Des fois t’es rationelle ? Ca peut servir !
    Des fois tu t’sens coupable ? c’est pas forcement injustifie
    Juste Anne, faudrait pas culpabiliser de culpabiliser, car la ca fait vraiment trop de flics dans ta tete…
    Et Jouis nom de Dieu! Et personne, surtout pas toi, ne t’y oblige a tous les coups!

  11. Mon questionnement (inspiré de la superbe démonstration de Mandeville) semble rejoindre le votre. Si chaque homme a des vices et des vertus et que le vice est essentiel à notre bonheur. Car ce que l’on appelle vertu est vice pour d’autres et réciproquement. Or ce que je refuse par dessus tout c’est que l’on me commande. La morale est donc un obstacle à mon bonheur.

  12. J’aime la notion d’expérimentation ; c’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’on parle d’anarchie. Du moins, à mes yeux.

  13. Bonjour..on est fin 2014 et je découvre votre site et tous ses blogs. Je ne sais pas qui vous êtes vraiment, votre age réel…par contre vos textes sont très pertinents et je partage toutes vos idées et approuve tout ce que vous écrivez en très bon français. Pour ma part j’ai la chance d’être un batard franco allemand donc d avoir une descendance très spéciale dont je suis fier. De plus j habite en France la région la plus marquée par les guerres.les Ardennes..c’est aussi la seule région qui a connu des expériences anarchistes. La première en 1900…mais c’est aussi le département de Rimbaud..et des meilleurs penseurs révolutionnaires. Je les citerai plus tard. Moi même j’ai connu mai 68 j avais 17 ans et si on n’ est pas sérieux quand on a 17 ans..et qu on participe à une révolution…on devient anti politicien quand on constate que cette révolution où tout le monde voulait la mort de de Gaulle a finalement donné plus de pouvoir après un vote referendum…on crache sur lui pendant un mois..puis on lui vote plus de pouvoirs encore le mois suivant. ce fut cela le résultat de mai 68 en France…et me dégouta pour toujours des partis. Alors j’ai vécu vraiment une anarchie à ma façon…celle qui est la plus efficace je pense…vivre en dehors de toutes les normes..se faire détester pour cela par tous les moutons qui me disent toujours: Pourquoi tu vis comme ça alors que c’est toi le plus intelligent de nous..? Ils ne peuvent pas comprendre que c’est pour cela que je ne vis pas comme eux..même si je m’ arrange avec le monde. J’ai 62 ans aujourd’hui..je suis heureux d’avoir été fidèle à mes idées de mes 17 ans..je suis heureux de ma vie et…je ne donne aucun conseil à personne..je ne suis rien…je ne suis pas un exemple..juste quelqu’un qui a su vivre sa vie sans concession…en tout cas encore bravo pour tous vos textes que lis avec plaisir. Enfin je voudrais dire qu’on peut avoir mon Age et se sentir jeune mais expérimenté du moins pas dupe…puis conserver un corps en phase avec sa mentalité donc svelte, musclé, prêt à se battre pour ses idées…je pense que le corps représente quand même l’ esprit…et se doit d’être au minimum normal si tant est qu une norme existe car la philosophie nous conseille de douter de tout et nous-mêmes avant tout .

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