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Banalités électorales de base

Vote for Nobody

(À me remémorer avant de me rendre dans l’isoloir.)
  1. Lorsque je vote, je n’exerce ni un droit, ni un privilège, et je n’accomplis encore moins un quelconque devoir de citoyen. Voter, c’est faire une faveur au gouvernement et à l’État en leur accordant la légitimité dont ils ont cruellement besoin.

  2. Le fait d’aller voter ne sert qu’à réaffirmer et à légitimer le pouvoir de l’État, quelque soit votre choix électoral. En votant, il m’arrivera peut-être de participer à la création ou à l’abolition de politiques, de législations. Je pourrai même participer au renouvellement de la classe politique. Jamais je n’arriverai toutefois à changer les relations de pouvoir basées sur la domination et l’aliénation de l’individu. Voter, c’est embrasser mes chaînes.

  3. La démocratie limite et de simplifie à l’extrême le spectre des décisions qui peuvent être prises par l’individu, commodément ravalé au rang de citoyen. La démocratie réduit le champ des possibles et étouffe toute possibilité de changement de façon extrêmement efficace. En cela, la démocratie fonctionne essentiellement comme un outil de justification du pouvoir étatique et non comme un mode de participation des individus aux décisions collectives.

  4. La démocratie est une source institutionnalisée d’aliénation. En démocratie, les rêves ne sont que pour les rêveurs, les désirs sont continuellement confrontés à l’impossibilité de l’action, à l’impossibilité de leur réalisation. L’individu démocratique ne s’appartient plus lui-même ; il appartient à la majorité démocratique.

  5. Les exercices démocratiques ne menacent jamais l’ordre établi. Les progrès de la liberté ont toujours été accomplis par des individus et des minorités ; les majorités sont de par leur nature lentes, conservatrices et soumises aux forces supérieures des castes du pouvoir.

  6. Il ne peut y avoir de démocratie sans démagogie. Toutes les démocraties y succombent un jour ou l’autre, désireuses qu’elles sont de manufacturer le consentement à partir des peurs, des espoirs, des préjugés et des colères confuses des masses aliénées et démunies. La démagogie n’est pas une scorie de la démocratie mais son visage le plus authentique. Et «populisme» n’est qu’un autre mot pour «démagogie».

  7. Les démocraties savent être aussi racistes, nationalistes, impérialistes et militaristes que les dictatures. Et surtout, elles hésitent rarement quand vient le temps de discriminer, d’exécuter, de torturer et de réduire au silence les individus. Ce qui distingue les démocraties des autres systèmes politiques, c’est qu’elles oppriment et aliènent en se parant des atours de la volonté collective, en se présentant comme l’incarnation même de la liberté — ce qui les rend particulièrement insidieuses, efficaces et pérennes.

  8. Voter ne me protégera pas du fascisme qui vient, parce que le fascisme est la forme panique de la démocratie, forme qu’elle adopte lorsque la différence entre ce qui est et ce qui pourrait être devient insoutenable. Dans tous les cas où les fascistes ont pris le pouvoir, les institutions démocratiques non seulement ont été incapables de stopper leur ascension, mais se sont mises en quelques semaines seulement à fonctionner pour renforcer le régime comme si elles avaient toujours été conçues pour cela. La raison en est bien simple : parce que l’État démocratique et l’État fasciste fonctionnent de la même façon, au point d’être indiscernables.

  9. Voter stratégiquement pour éviter le pire est impossible. D’abord parce que les élus respectent rarement ce qu’ils se sont engagés à faire et qu’ils ont tendance à reprendre le programme d’un adversaire vaincu, mais populaire. Ensuite parce que le pire, c’est d’être réifié et asservi – et c’est exactement ce à quoi la démocratie sert: me réifier et m’asservir. Voter, c’est choisir de façon systématique de deux maux, le pire.

  10. La démocratie est un des rouages de la totalité qui m’asservit. La moindre des choses est de ne pas consentir à ma propre servitude.

Catégories :Accès de rage

Tagué:

Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

12 réponses

  1. Très lucide.

    « À me remémorer lundi prochain, avant de me rendre dans l’isoloir »

    Et j’espère que cette remémoration sera suffisante pour ne pas vous faire déplacer jusqu’à l’isoloir (tout dépend de quel isoloir il est question bien sûr).

  2. @Anne

    Le pire, ce que votre argumentaire a beaucoup de sens. Sauf que vous laissez sous-entendre que le nationalisme canadian est moins grave que le nationalisme culbécois, et là je ne suis pas d’accord. Je ne vois pas en quoi on peut faire progresser ce débat en restant dans le Cacanada.

    De plus, le vote n’a pas un si grand effet sur la légitimité des institutions médiocratiques. C’est bien plus le fait de croire en la violence étatique, de payer des impôts et des taxes et surtout d’être content d’en payer qui pose problème. Pensez aux commissions scolaires qui perdurent malgré les taux ridicules de participation (bon, il faut dire qu’une structure administrative apolitique ne serait pas nécessairement mieux).

    Tout de même, je suis d’accord avec le fond, la médiocrassie pseudo-représentative est un mauvais système et se doit d’être aboli.

  3. Je ne parle pas de nationalisme canadien et québécois dans ce texte. Il s’applique à toutes les élections, fédérales, provinciales, municipales, scolaires — même au vote des candidats de Loft Story.

    Mais puisque vous voulez parler de nationalisme, voici ma position, qui est fort simple:

    État canadien — nationalisme canadien.
    État québécois — nationalisme québécois.

    Là où y’a État, y’a nationalisme. La meilleure façon de combattre le nationalisme, c’est de combattre l’État. Point barre.

    Ce qui est comique, c’est que les fédéralistes m’accusent de faire le jeu des séparatistes et que les indépendantistes m’accusent d’être traitre à la nation. Il se trouve que je ne me considère ni comme Canadienne ni comme Québécoise. Puisque le nationalisme canadien n’est pas nazi, militariste et expansionniste, je me demande en quoi il est pire que le nationalisme québécois. Ce sont deux nationalismes civiques qui définissent la nation sur une base géographique. Blanc bonnet, bonnet blanc.

    Autre truc. Que vous soyez content ou non de voter ou de payer vos impôts change foutre rien. C’est le faire qui pose problème. Le système est dur, répressif et il est virtuellement impossible de ne pas pactiser avec lui. S’abstenir de voter est la façon la plus facile, la plus élémentaire de prendre la ligne de fuite; si on le fait quand même, je me demande en quoi on peut s’estimer encore anar.

  4. « Je ne parle pas de nationalisme canadien et québécois dans ce texte. Il s’applique à toutes les élections, fédérales, provinciales, municipales, scolaires — même au vote des candidats de Loft Story. »

    Je ne sais pas si ça s’applique à Loft Story (après tout, un Loft Story pourrait très bien exister dans une anarchie) mais quelle merde cette émission!

    Au moins, vous placez ces deux nationalismes sur le même pied d’égalité, c’est un début. Plusieurs anars et libertariens (les pires!) sombrent dans le séparatisme-bashing et sont très complaisants avec l’étatiste canadian.

    « La meilleure façon de combattre le nationalisme, c’est de combattre l’État. Point barre. »

    Je comprends mais je ne vois pas comment on peut combattre de la meilleure façon ces deux nationalismes en restant dans le Cacanada. Bien sûr, on peut faire certaines choses et essayer de faire évoluer les mentalités en attendant mais ce sera moins difficile de faire avancer les choses quand le Québec sera séparé.

    « Ce qui est comique, c’est que les fédéralistes m’accusent de faire le jeu des séparatistes »

    En effet, car ils savent fort bien que l’étatisme est menacé par la séparation du Québec. Ils ont raison sur ce point!

    « et que les indépendantistes m’accusent d’être traitre à la nation. »

    Je n’irai pas jusqu’à dire ça. De toute façon, je ne veux rien savoir du concept de « nation ». Je prétend seulement que ce n’est pas dans l’intérêt des anarchistes, c’est tout. Les nationaleux étatistes qui vous disent ça sont des cons et ils n’ont rien compris à votre position.

    « Il se trouve que je ne me considère ni comme Canadienne ni comme Québécoise. »

    On s’entend! Quoique j’ai plus d’atomes crochus culturellement avec le Culbec (mais pas nécessairement en comparant avec d’autres endroits dans le monde) qu’avec le Rest Of Canada (ROC), mais ce n’est qu’un point de vue strictement personnel.

    « Puisque le nationalisme canadien n’est pas nazi, militariste et expansionniste, je me demande en quoi il est pire que le nationalisme québécois. »

    Pas nazi, d’accord. Par contre, ce nationalisme se soumet à l’expansionnisme (impérialisme, si j’ai bien compris le sens de votre terme, mais il n’est pas expansionniste en soi) américain et il est très clairement militariste. Certainement plus que ne le serait un Québec séparé. Rappelez-vous comment les habitants du Québec ont réagi lors de la Conscription et aussi l’appui très faible des habitants du Québec à l’invasion de l’Afghanistan et face aux politiques impérialistes américaines: un appui nettement plus fort face au militarisme subsiste dans le ROC.

    De plus, vous négligez le caractère plus libertaire des habitants du Québec par rapport aux droits civils (peine de mort, jeunes contrevenants, mariage gai (même si c’est le mariage tout court qui devrait être aboli), avortement, etc.), si l’on compare avec le ROC. Les valeurs drouatistes étatistes, et la répression des droits civils qui vient avec, ont nettement plus la cote dans le ROC qu’au Québec.

     » Que vous soyez content ou non de voter ou de payer vos impôts change foutre rien. C’est le faire qui pose problème. Le système est dur, répressif et il est virtuellement impossible de ne pas pactiser avec lui. S’abstenir de voter est la façon la plus facile, la plus élémentaire de prendre la ligne de fuite; si on le fait quand même, je me demande en quoi on peut s’estimer encore anar. »

    Je vous suis dans les principes mais pas dans l’efficacité. Le principal problème pour les anarchistes est qu’il y a encore trop de gens, incluant une trop grande partie des abstentionnistes, qui croient en la violence étatique et qui sont contents de payer des taxes. Il faut bien commencer à quelque part et ce truc aussi simple est loin d’être réglé.

    De plus, ça ferait nettement plus mal à l’État si 90% des gens refusaient de payer leurs taxes et impôts que si 90% refusaient de voter (et là vous rejoins dans le « faire »).

    Ceci dit, je ne dis pas que de voter est un devoir de citoyen, ce qui est une connerie, mais il peut s’agir d’un geste que l’on pose dans notre intérêt.

  5. Anne Archet est de retour? Elle semble l’être pour de bon cette fois. Ça fait plaisir, et c’est stimulant .

  6. C’et tres bien, continuez tous a vous exciter sur ces conneries theoretico-pragmatiques canado-nationalo-qbecoises concernant le vote, la nation et l’etat, dans le genre miroir aux alouettes et attrape-couillons c’est tres fort.
    Pendant que vous vous prenez la tete avec tout ca, Monsanto, comme les Petrolieres ont les mains parfaitement libres pour tout bousiller au Quebec, au Canada, En Amerique du Nord et meme partout ailleurs, sur terre comme en mer et ce grace a la benediction du gouvernement canadien et de l’Empire que le Canada va se tailler dans Le Nord grace au rechauffement planetaire…
    Alors non pas genocidaire le Canada, juste responsable de la disparition de nombreuses especes et de briser tous les equilibres ecologiques ce qui ne sera pas sans entrainer comme premiere consequence desastreuse de nombreuses famines.
    Alors il serait peut-etre temps que les anarchistes qui ne l’ont pas encore fait prenne la mesure de la superficialite de leurs propos unionistes ou separatistes et revisent leurs copies orthodoxes ou non face aux reels dangers qui nous menacent tous, et ce non pas a cause de l’Etat Souverain, mais a cause de quelques compagnies qui tiennent aujourd’hui en leur mains le sort de la terre entiere. C’est qui l’Etat aujoud’hui pour un anarchiste lucide, L’Etat ce n’est pas l’institution, ce n’est pas la Nation, L’Etat c’est le centre du Pouvoir, et pour l’instant, L’Etat, c’est Monsanto et les Petrolieres et la Haute-Finance, Harper et son gouvernement, comme tous les gouvernement du monde, c’est leur pantin.

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