J’ai de la difficulté à écrire en ce moment. Le «monde réel» s’attaque à mes capacités mentales en lançant l’assaut sur deux fronts: la dépression dans laquelle il a réussi à me plonger et la médication par laquelle il espère me guérir et rétablir ma condition de citoyenne responsable et fonctionnelle. Alors quand un psy qui veut mon bien – tout mon bien – et qui me trouve trop pessimiste m’a invitée à réfléchir à la question, voilà une partie de ce que j’ai fini par lui écrire. (Je vous fais grâce du reste, qui n’est que niaiseries intimes et larmoiements pitoyables sur mon sort.)
J’ai de fortes tendances au pessimisme, comme à peu près tous les anarchistes que je connais – même si illes essaient de cacher leur désespoir derrière une vision béate et quasi-millénariste du futur. Et si je le suis, c’est parce que je suis encore trop immergée dans ce monde social, dans cette pseudo «réalité objective» qui est l’objet de toute ma haine. Cette réalité est celle où mes rêves sont des utopies – si on prend le mot dans son sens étymologique – des objets de nulle part, perpétuellement non avenus, qui ne peuvent avoir d’existence que dans l’avenir, qui ne peuvent être qu’un idéal vers lequel je dois tendre. En ces temps de banalité et d’horreur, si vous avez des rêves et que vous n’êtes pas irrémédiablement plongé dans le délire, il est presque impossible de ne pas être pessimiste.
Mais si l’anarchie, plutôt que d’être un but à atteindre, était plutôt une façon d’affronter le monde? Et si l’insurrection (et pourquoi pas, la révolution) n’étaient pas des moyens de parvenir à une fin, mais plutôt une façon d’y vivre? Et si l’utopie, plutôt qu’être un destin, était un voyage sans fin (et sans fins) vers un ailleurs indéterminable, vécu uniquement pour la joie immédiate qu’il procure? Et si nos rêves étaient un «nulle part» qui s’étire à l’infini et qu’on peut explorer et expérimenter à l’infini – par opposition à un «endroit idéal» qu’il faut atteindre pour s’y arrêter, plonger ses racines et se mettre à végéter?
Je me dis parfois que c’est une des différences fondamentales entre Nietzsche et Hegel (et par conséquent, de Marx). La dialectique de Hegel était un voyage sur un chemin unique menant à une fin spécifique. Le chemin de Nietzsche est une pérégrination sans fin, mue par une envie furieuse d’embrasser tout ce qui est possible et plus encore – maintenant, immédiatement. Sur ce chemin, il n’y a de place ni pour l’espoir, ni pour le désespoir. Il n’y a ni pessimisme, ni optimisme, que la joie que procurent l’immédiat, ses défis et ses conflits.
Voilà, j’ai encore perdu le fil de mes pensées. Elles se dissipent et s’effritent entre mes doigts dès que je tente de les saisir, mais ce n’est pas vraiment grave. Mon esprit déborde de rêves sur le monde dans lequel je voudrais vivre et ces rêves sont en constante évolution – uniques en leur temps et leur lieu, comme la rêveuse qui les crée… et ils sont de moins importants que ma confrontation immédiate avec le monde. Ils ne font que transmettre leur énergie. Le pessimisme, l’optimisme et le réalime grugent l’imagination créatrice; voilà pourquoi je dois m’en défier.
Catégories :Crise de larmes
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
Je me méfie de tous les mots en « isme ». Je n’ai pas beaucoup de mémoire pour les dictons mais il y a celui là qui est en moi et que je connais par coeur. Et en ces moments difficiles, il prend même un sens nouveau « Essayons d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Jacques PREVERT.
La « volonté d’essayer » et pourquoi pas? si ‘est pour fuir avec panache dans le plus vaste et le plus beau des territoire qu’est l’imaginaire. Courage!
« Tain! vous êtes fort en avance dans le nouveau monde, que vos psy en sont à soigner l' »utopisme »!
Son propre idéalisme est un état, une façon d’être, indispensable au plaisir de vivre, une façon d’interpréter le monde et d’y vivre en en tirant de la satisfaction. Satisfaction qui peut être obtenue par n’importe quel sentiment envers ce même monde (bienveillance, haine, béatitude, etc..).
Ceci dit, tout idéalisme, comme tout projet sur le monde avenir, comme tout ce qui nait et qui meurt, est vain.
« Il n’y a …que la joie que procurent l’immédiat, ces défis et ces conflits » Clap clap (bravo) Bisous
reviens hans je t’aime en secret !
Je néant vide rien…
Juste-là, est-ce un bien ?
Juste-là, tant que mal…
Temps infinitésimal
Planck de cet univers
Rêve du haut de mon verre
Pour mon voisin
Pour mon prochain…
TRAGAN (paix-simiste)
Facebook a tué Hans.
Je t’aime et j’espère que tu vas prendre rapidement du mieux. J’arrive pas à trouver un truc plus intelligent et censé à dire.
Les médocs sapuducul, lucidité, affrontement face à l’existant, n’y a t’il pas d’échappatoire ? Car malgré le réalisme, n’y à t’il que son propre plaisir qui importe ? Mais où trouver ce plaisir si l’on est pris de dégoût par le monde tel qu’il est dans son organisation… Je n’ai pas de réponse, mais une chose est sûre, les enfants sont une grande source d’inspiration si l’on est en panne d’idées
(Le français n’est pas ma langue maternelle, je suis brésilien, alors vous devez avoir en patience avec ma ecriture).
Il y a une tentation dans l’existence qui s’appelle devenir. Toujours regardant à l’avance, nos espoirs se dépassent au monde. Bien sûr, parce que sans quelque ombe de notre esprit dans le monde, la réalité predrait tout le sens pour nous. Mais déjà elle n’a pas perdu? Cependant, le pessimisme totale, l’échec dans la vie et dans la mort, c’est la complete inaction. Ainsi la tentation plus commun c’est la espoir. L’envie d’un monde meilleur c’est la espoir de la cessation de tous nos désespoirs. C’est comme dans le christianisme où dans le fin nous serions arrachés vers le Die; vers le monde d’une infinite grâce. Dans ce sens, toute la mentalité révolutionnaire est un type de variation du christianisme.
À la différence, je ne vois pas espoir pour notre disgrace. Si il y a quelque sens dans le myth la chute de l’homme, c’est que la conscience a été notre le plus châtiment. Nous avons la conscience d’être au moment même où nous avons la certitude d’être dans l’exterior. Depuis deux siècles, nous derpons l’imortalité et nous vivons d’une ombre à l’autre. Nos activités quotidiennes (notre emploi, relations sexuelles, personalités) sont les substituts d’âme. Nous sommes à la recherche d’une véritable substituer à l’âme immortelle, mais rien, absolument rien ira la substitue… Ni le propre âme imortalle réussirait finir avec nos insatisfactions. Nous sommes manque, pourquoi rien nous satisfaire.
A bientôt.