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Sirventès de la nuit

Je n’ai pas peur de la noirceur
— du moins, elle ne me terrifie pas totalement
La noirceur a une magie qui lui est propre
Elle fait craquer les digues mentales et libère l’imagination

Il y a des monstres sous le lit et des violeurs dans la noirceur
Il y a aussi des amants cachés et des soupirs
Une vie fourmillante dans les plis de l’obscurité
À peine révélée par la douce sagesse de la lune

Dans la noirceur la stricte définition de toutes choses
S’effrite et se dilue comme dans l’encre de Chine
Les frontières deviennent floues et perméables
Tout devient possible, illimité, fluctuant, impermanent

Je vis dans une société froide et sans imagination
Dans un monde fixe sans nuit où la noirceur
Est violemment détruite à coup de lampes sodium
À coup de néons mercantiles et bourdonnants

Ceux qui tuent la noirceur, qui veulent l’éradiquer
Sont les perfides ennemis de l’imagination
Ils ont perdu la leur en donnant corps à la peur
— et sont maintenant esclaves de leurs terreurs

Alors ils violent la noirceur et font violence
Au merveilleux et aux monstres qui l’habitent
Ils font la guerre aux possibles et au rêve
En nous imposant jour glauque et iodure métallique

Si c’est la guerre qu’ils veulent, la guerre ils auront!
Armés de pierres nous liguerons contre eux
Les créatures étranges et sauvages de notre création
Le marteau mouvant et protéiforme de notre colère

Guerre aux réverbères et aux lampadaires !
Guerre au présent perpétuel et dictatorial!
Guerre aux flics de l’enfer technologique!
Guerre aux agresseurs des étoiles!

Jamais nous ne serons apaisés car nous puisons
Notre énergie dans la lave brûlante de nos désirs
Et chaque parcelle d’obscurité gagnée sera pour nous
Un nœud de plus dans le drap de notre évasion

Catégories :Accès de rage

Tagué:

Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

9 réponses

  1. Ah, guerillera, à quel noir néant vous vous abouchez ?
    Quelque désespérante pensée flatte le nihilisme tentateur
    quand on ne sait plus, pour un instant, car la faiblesse est passagère,
    si notre désir profond vaut cette vie, là, dans l’immensité suburbaine.

    Oui les Illuminations sont excessives et nous rendent malade. Tout est très faux, le bonheur lamentablement surjoué et nous, réduits à nous produire comme des saltinbanques affamés dans un très mauvais spectacle.
    La banalité de nos corps apprêtés et qui suent l’ennui, attendre, incertains, une reconnaissance vague.
    Les lueurs de nos regards sont électriques.
    Encore n’avez-vous pas connu la défaite !

  2. Annnnnnnnnnne….

    Vous voyez ce que vous me faites? Je présume que je bois trop, que je suis fatigué et que l’absence de présence féminine dans ma vie me fait divaguer.

    On dirait vraiment que je suis incapable de sortir du rapport amour/haine avec vous.

    C’est stupide car je ne vous connais pas et que je ne vous ai jamais vu, mais quand on part de rien, je suppsose qu’on est plus sensible.

  3. Ça, c’est un magnifique crescendo qui parle à celui qui porte le deuil des étoiles sous un voile orangé et qui tend son hamac dans l’obscurité d’une forêt maudite par les mythes du vieux monde.

    A nos lance-pierre !

  4. Euh, je trouve que nous vivons une société plutôt chaudasse, là, avec le nucléaire qui nous pète dans la gueule…
    Bakouchaiev, merci pour votre si justement réel message. C’est hélas, bien là où tous ou presque nous retrouvons.
    Entre les marchandises qui nous détruisent et l’isolement affectif, il devient urgent d’en appeler à la révolte.

  5. En fait j’ai un peu honte d’avoir écrit ça, mais c’est moins scandaleux qu’une publicité lors d’une campagne électorale.

  6. C’est une option.

    D’un autre côté j’ai fait bien pire et au nombre d’absurdités que je peux faire ou dire, je n’en suis pas à un message près laissé sur un blog.

  7. N’effacez rien, au contraire. Ce texte est très parlant, et très juste; Par contre, il appelle des interventions. hé ho, les commentateurs, à vos pianos, peuchère…..

  8. Pfiou ! Joli texte. Et les quatre derniers vers, quelle force, quelle intensité !

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