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Commentaires désobligeants (de 2022)

Début d’année habituel

Mon souhait pour la nouvelle année est le même que celui de l’an dernier et de toutes les années précédentes: que nous réparions les injustices des siècles passés en évitant de reproduire les systèmes de domination qui les ont créés.

Donnons-nous cette chance – en évitant de penser à la probabilité qu’il soit déjà trop tard pour accomplir cette tâche dont dépend la survie de notre espèce.

De quoi ai-je l’air ?

Je déteste quand des client·e·s me demandent «travaillez-vous ici?» alors que j’essaie de gagner honnêtement ma vie en volant à l’étalage.

Démarche artistique

Dispersée, brouillonne, dilettante et n’accordant que peu de valeur à sa production qu’elle répugne à qualifier d’oeuvre.

25 avril

À la Saint-Georges, sème tes pois et ton orge, laisse pousser ton poil et jette ton soutien-gorge.

Plagiaires de tous le spays, unissez-vous !

Le plagiat est une excellente chose qui se pratique depuis l’invention de l’écriture. Il ne peut pas y avoir de pensée, d’art ou de littérature sans plagiat. Quant à la musique, n’y pensez même pas: le plagiat est au coeur de la formation et de la pratique musicale.

Ce n’est que lorsque qu’on a fait de l’art et des idées des marchandises que le plagiat est devenu un mal. Ça n’a amélioré ni le monde, ni le sort des artistes.

Quand nous sortirons enfin nos machettes, j’espère que la propriété intellectuelle sera la première forme de réquisition capitaliste qui sera abattue.

Polymère allégorique

Le microplastique est l’allégorie ultime du capitalisme. Il est destructeur, rugueux et irritant, on le retrouve partout, rien ni personne n’y échappe, il s’infiltre jusque dans notre cerveau et on finira tous et toutes par en mourir.

Écrivaine mineure et nuisance mineure

Chaque matin, je me lève en pensant à comment je vais empêcher l’exploitation d’être optimale.

Je ne suis qu’une nuisance mineure, mais je prends mon rôle de grain sable dans l’engrenage très au sérieux.

Sabotage généralisé

Reprise individuelle, confiscation collective, qu’importe la méthode, reprenez ce qu’on vous vole. Il faut pourrir la vie des investisseurs et rendre tout développement impossible. Cessons d’être rentables, soyons ingérables.

Et si un fâcheux vous traite de woke qui a abandonné le terrain de la lutte économique, ne faites que hausser les épaules et tournez-lui le dos en sachant que contrairement à lui, vous avec fait votre petite part pour faire dérailler le capitalisme.

Jamais nous ne serons pacifiés

Un droit acquis, ça n’existe pas. La seule façon d’assurer notre propre liberté et le contrôle sur notre corps et notre vie, c’est de faire en sorte que l’État et tous celleux qui voudraient nous voir ramper aient suffisamment peur de nous.

Ma variante du complot mondialiste

Je fais partie de ce que Mathieu Bock-Côté appelle « le lobby immigrationniste ». Je plaide pour abolir toutes les frontières et ne garder en poste que les douaniers qu’il faut pour empêcher Mathieu Bock-Côté de revenir au pays.

Nostalgie

Je suis tellement vieille que je me souviens de l’époque où « libre penseur » voulait dire autre chose que « d’extrême-droite ».

La réponse tant attendue

L’instauration au pouvoir du fascisme est en gros la seule mesure qui est sérieusement envisagée par les gouvernements en prévision de la catastrophe climatique et de l’extinction de masse du vivant.

Ma version du complot mondialiste (reformulation)

Il faut créer deux, trois, plusieurs chemins Roxham.

Ne le prenez pas personnel

Le nationalisme au Québec est aussi toxique que partout ailleurs. Arrêtez de déchirer votre chemise chaque fois qu’on le critique, on le fait pour tous les autres.

En ce qui me concerne, si je m’acharne sur lui, c’est simplement parce que je suis soumise à un gouvernement qui s’en réclame. Si j’habitais ailleurs, je serais une traître à la nation de quelqu’un d’autre.

Théorie complotiste

Quand j’utilise mon vibro en mode aléatoire, j’ai la désagréable impression qu’il me fait des commentaires sarcastiques et désobligeants sur ma vie sexuelle en code morse.

Exactitude terminologique

Quand je qualifie quelqu’un de fasciste, ce n’est jamais dans l’intention d’injurier. Je ne fais qu’énoncer un fait constaté. Je ne vais pas utiliser des euphémismes juste pour éviter de froisser des sensibilités; si vous ne voulez pas être traité de fasciste, évitez de l’être. Ce n’est donc pas en traitant les militants du PCQ de cons que vous allez stopper la progression politique de ce parti. Vous devez employer le terme qui les décrit le mieux : fascistes.

Commencez par le faire et on pourra ensuite débattre si tous les fascistes sont des cons ou non.

Ma raison d’être

Mon utilité sociale est d’en avoir le moins possible.

Fourches et faucilles

Si on veut avoir la moindre chance de survivre, il va falloir arrêter de traiter l’écologie comme un truc de hippie. Il faut arrêter de penser que la catastrophe climatique et l’extinction de masse du vivant, ça va se régler si tout le monde se tient par la main dans un esprit de paix fraternelle – politiciens conservateurs, productivistes et capitalistes compris. Que si tout le monde fait sa petite part, nous assurerons un avenir meilleur pour tous, à l’image de ces champs de pâquerettes qui ornent le fond de nos écrans.

La catastrophe climatique et l’extinction de masse du vivant, ce n’est pas causé par notre refus de faire des rondes et d‘entretenir les bonnes vibrations. Ce sont des conséquences du mode de production capitaliste et de tout ce qui lui permet d’opérer: l’exploitation de classe, la domination genrée, l’impérialisme, le militarisme, le colonislisme, le racisme et l’État-nation qui se trouve à la confluence de toutes ces oppressions hiérarchiques.

Faire une marche pour le climat, ça fait de belles photos et ça permet de rappeler à ceux et celles qui vivent sous une roche depuis 1970 que la situation est extrêmement critique – pas beaucoup plus. Quand participent à cette marche des politiciens au pouvoir, surtout quand on sait que ce pouvoir agit ouvertement et activement pour renforcer tout ce qui cause la catastrophe dans laquelle nous sommes déjà présentement enfoncés, la moindre des chose est de les chahuter pour qu’ils aient la décence d’aller se faire voir ailleurs. Ça, les enfants, ce n’est pas de la violence politique, ce n’est pas de l’intimidation, ce n’est même pas de l’impolitesse. C’est du simple respect de soi-même, comme refuser de dire merci quand on vient de se faire cracher au visage.

Si vous pensez que nous allons éviter le désastre en tendant la main à ceux et celles qui nous oppriment et qui tuent le vivant juste pour assurer leur domination éternelle sur nous, si vous pensez que l’amour et la paix vont convaincre nos maîtres de ne pas empoisonner tous ceux et celles qu’on aime, c’est que vous confondez écologie et jardinage. Je n’ai rien contre le jardinage, mais nos fourches et nos faucilles devraient être mises à un tout autre usage si on veut espérer s’en sortir.

Par qui le fascisme advient

Fuck la bourgeoisie et sa presse à la con qui s’accommode sans problème du fascisme, si c’est ce qu’il faut pour éviter d’avoir à payer pour nos soins dentaires.

Comment le fascisme advient

Les fascistes sont aux portes du pouvoir dans toutes les démocraties libérales, mais pas au Québec. Ici, le PCQ n’est pas d’extrême-droite et la seule vraie menace ce sont les immigrants et les wokes qui nous empêchent de dire le mot en N.

Pas un seul fasciste à l’horizon, nous sommes vraiment une société exceptionnelle, sans racisme et sans vidanges transphobes. Ça doit être parce qu’il y a quelque chose de spécial dans notre eau courante – sauf dans les réserves autochtones, où il n’y a pas d’aqueduc.

Par qui le fascisme advient (suite)

Sur Twitter, ma petite phrase ironique sur la montée du fascisme ne choque pas les gens d’extrême-droite, mais bien les bon libéraux modérés et les nationalistes propres et présentables qui trouvent tellement que j’exagère et que je ne suis pas raisonnable. Si vous vous demandez grâce à qui le fascisme finit par advenir, ne cherche pas plus loin.

Lettre au père Noël

Je veux une princesse Disney qui se fait pendre par une foule en colère pendant une révolution.

Vive les chaînes

Au vieil adage anarchiste « vous n’avez que vos chaînes à perdre », les médias sociaux me répondent constamment « nous ne voulons pas perdre la prise que nous avons sur celles des autres ».

Le fond de l’air effraie

On dit qu’au moment de l’orgasme, le siège de la terreur dans le cerveau se désactive. Ça explique sûrement pourquoi je me masturbe de plus en plus : c’est l’état du monde qui m’y pousse.

Fomosexuelle

« Fomo » voulant dire « fear of missing out », je pense que je vais faire mon coming out en tant que fomosexuelle. J’ai toujours l’impression qu’il y a des tas de gens qui ont du fun sans moi et que je manque quelque chose d’inusité qui changerait ma vie si j’étais invitée.

De la relativité du stigmate

La plupart des gens qui disent que le mot en N doit être compris dans son contexte et peut être utilisé sans intention raciste considèrent que le voile est un symbole d’oppression en tout temps, quel que soit le contexte.

Le commentaire de la femme invisible

Chaque fois que quelqu’un dit «la gauche est devenue autoritaire», j’ai envie d’agiter mon petit drapeau noir et dire «youhou, on est là».

Maintenant que j’y pense… Je suis bisexuelle, anarchiste et agoraphobe, ce qui veut dire que je suis invisible de trois manières différentes. Pas surprenant qu’on ne m’invite pas dans les lancements.

Le nationalisme n’est jamais bon enfant

La saison du brassage de drapeau commence – celle où on me rappelle bruyamment que je n’ai pas ma place ici, juste dans un ailleurs qui n’existe pas et où je devrais retourner.

Comment voulez-vous ensuite que j’aille du respect pour vos nations de colonisateurs arrogants? Votre fierté, a tellement d’angles morts que vous devez l’exercer de façon tapageuse, juste pour couvrir la voix de ceux et celles qui en ont fait les frais depuis des centaines d’années. Votre fierté est un outil pour des institutions de pouvoir et les classes qui les contrôlent qui n’hésiteront jamais à se retourner contre vous quand elles en sentiront le besoin.

Le nationalisme n’est jamais anodin ou bon enfant. C’est toujours une bombe à retardement que tout le monde agite comme si c’était la moindre des choses, en considérant les gens qui s’en inquiètent comme des traitres ou des parasites.

Il n’y a pas de bon nationalisme

L’État moderne ne peut pas exister sans nationalisme, car c’est ce qui rend son pouvoir légitime. L’État monarchique tirait sa légitimité du droit divin. Le nationalisme, c’est la religion de l’État moderne. Vous allez me dire que la légitimité de l’État moderne vient du peuple souverain. Sauf qu’elle ne s’exprime que par des majorités électorales fluctuantes. Le bien commun dont l’État se veut le gardien est le bien de la nation – et cela, sans exception historique.

Même les États dits communistes reposaient sur le nationalisme. TOUS. Même l’URSS multiculturel, qui appelait la Seconde Guerre mondiale la «Grande guerre patriotique». Même Cuba, même la Chine, la Corée du Nord and all that jazz. Et ne pensez pas être antinationaliste en opposant le fédéralisme canadien au nationalisme québécois. L’État canadien repose sur une religion nationale exactement pareille à toutes les autres. Il n’y a que la façon de décrire la nation et de la défendre qui change.

C’est bien là le nœud du problème, parce que la nation n’a aucune existence concrète. La nation n’est qu’une abstraction. Les nations sont des créations idéologiques qui servent à donner de la légitimité à un État – donc, à un appareil répressif. Une nation sert soit à justifier le pouvoir répressif d’un État existant, soit à justifier la création d’un État national (qui sera inévitablement répressif parce que réprimer est la fonction première et suffisante de l’État). Mieux: c’est l’État qui crée la nation, jamais l’inverse. La nation est comme la marionnette d’un ventriloque: après l’avoir construite, l’État lui fait dire ce qu’il veut, au gré de ses intérêts… et ceux de la classe sociale qui le contrôle. Même dans les exemples historiques de luttes décoloniales de lutte de libération nationale, l’État est déjà préexistant. Il est à conquérir, soit, mais il est déjà là. Ce n’est pas pour rien que tous les États post-coloniaux ont fonctionné exactement comme tous les autres.

On ne peut pas avoir d’État sans nationalisme. Si on veut se débarrasser de l’un, il faut se débarrasser de l’autre. L’État est une machine de mort sans laquelle le capitalisme ne pourrait exister. La guerre, la paupérisation universelle et la destruction du vivant sont conséquence directe de l’existence de l’État. Il n’y a pas de bons États – et donc il n’y a pas de bon nationalisme.

Évidemment, il y a des nationalismes moins néfastes que d’autres. Le nationalisme civique, basé sur le fait d’habiter sur le territoire où un État exerce sa domination, a l’avantage d’être inclusif. Sauf que… c’est le stade suprême de l’abstraction. La nation que défend le nationalisme civique a si peu de caractères propres qu’on atteint le point où tout le monde constate que l’empereur est nu.

Si la nation n’est constituée que des gens qui sont soumis à l’État, pourquoi cet État en particulier existe-t-il? Pourquoi ne fusionnerait-il pas avec un autre – ou à l’inverse, pourquoi ne se divise-t-il pas? Ça ne changerait rien, parce que la nation resterait la même: les gens qui habitent le territoire national. Voilà pourquoi le nationalisme civique tient rarement la route bien longtemps. On ne peut pas appliquer la politique de diviser pour régner si nécessaire à la survie de l’État si la nation est si inclusive.

Quand les tensions sociales deviennent fortes, quand l’oppression devient trop visible, quand le pouvoir est contesté, l’État se replie toujours sur le nationalisme sociologique. C’est son mode de survie. Le nationalisme sociologique (ou ethnique) a l’avantage, en plus de légitimer le pouvoir de l’État, d’identifier clairement qui sont les autres et les faire responsables des effets négatifs de la gouverne de l’État. Le nation sociologique a aussi l’avantage d’avoir un semblant d’existence concrète – mais seulement en comparaison avec la nation civique, parce que toutes les nations, sans exception, sont des abstractions.

Les temps sont durs et ça ne va pas s’améliorer. Tous les États sont et seront en mode survie, alors le nationalisme deviendra immanquablement de plus en plus ethnique – et éventuellement, ouvertement raciste. Vous adhérez aux idéaux d’égalité et de liberté? Vous voulez un monde plus juste? Vous voulez lutter contre l’exploitation et les oppressions de genre, d’ethnie, de classe? Le nationalisme n’est pas une solution et ne le sera jamais.

Le nationalisme n’est jamais une solution parce que sa fonction est de renforcer le pouvoir de l’État, une des structures de pouvoir à la source de tous les problèmes contre lesquels nous devons lutter.

On m’a remis le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques

J’ai remarqué que la valeur de ce que je vole en une seule visite à l’épicerie a augmenté de 30% en à peine quelques mois. C’est un gain de productivité incroyable, surtout quand on sait que je vole toujours les mêmes trucs.

Ils diront ensuite que je ne fais pas ma part pour soutenir la croissance.

Mon discours d’acceptation du prix Nobel d’économie

On rigole, mais le message que le capitalisme m’envoie à moi, travailleuse pauvre, c’est que je ne mérite pas de vivre. Quand les ressources qu’on m’accorde n’arrivent pas à couvrir mon besoin de me nourrir et de me loger, voler à l’étalage est un réflexe légitime et salutaire.

Un mot de consolation pour finir

Dans quelques années à peine, nous nous rappellerons avec nostalgie de cette époque où les incidents météorologiques ne faisaient que menacer la tenue de Noël.

* * *

Catégories :Montée de lait

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Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

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