L’ordre qui nous écrase contre terre
L’ordre qui nous brise les ailes
S’attaque au chaos en prétendant
Le plier à une logique particulière
L’ordre qui arrache notre peau
L’ordre qui nous met les fers aux chevilles
N’a qu’une idée en tête:
Séparer, classer, grouper, hiérarchiser
L’idéalisme et l’utopie
Sont nos ennemis
Car ils sont du côté des lois
Des États et des bourreaux
Qui plient et cassent le monde
Pour le forcer à être
Comme il devrait être
Au prix de rivières de souffrances
De flots incessants de violence
Et de déni de notre essence
De nos désirs
De notre devenir
Les pires mensonges
De cet ordre qui nous scie les os
Sont les dichotomies
Nécessairement fausses
Qui amputent nos cerveaux d’enfants
Qui font de nous des moins que nous-mêmes
Et nous font accepter les pires affronts
Au nom d’une cause supérieure
Qui n’est jamais la nôtre :
Moi et les autres
Nous et eux
Les gentils et les méchants
L’intérieur et l’extérieur
L’égoïsme et l’altruisme
L’individualisme et le civisme
L’humanité et la nature
Le bien et le mal
Cette illusion de la dualité
Ce voile de Māyā qui nous asservit
Qui coud nos yeux avec un fil d’airain
Nous empêche de contempler l’évidence
Qu’il n’y a qu’une seule nature pour tous les corps
Qu’il n’y a qu’une seule nature pour tous les individus
Que cette nature est elle-même un individu
Variant d’une infinité de façons
De la même façon que le vide
Est l’origine de tous les êtres
Et que tous les êtres
Sont uniques
Tout en procédant
Du même néant,
Je suis l’Unique, le néant créateur
Tu es l’Unique, le néant créateur
Nous sommes radicalement différents
— Et pourtant parfaitement identiques
Par cette étrange unité
Qui ne se dit que du multiple
Catégories :Crise de larmes
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
différent pour toujours ensemble à jamais