(Réflexions d’une insomniaque suite à une discussion, tard dans la nuit, avec une militante pro-vie.)
Peut-être est-ce parce que je tombe de fatigue, peut-être est-ce la brume qui se forme dans mon cerveau, mais je capitule. Vous m’avez vaincue, je reconnais que les fœtus et les embryons sont des personnes et qu’ils disposent de droits inaliénables, octroyés par Dieu. Et oui, je reconnais que l’avortement est un meurtre. Mais qu’en est-il du droit des gamètes?
Qu’en est-il de cette multitude sans voix et opprimée, tapie dans nos ovaires et nos testicules? Toutes ces vies qui ne demandent qu’à éclore, tous ces milliards de milliards d’enfants de Dieu, innocents et purs, qui n’auront jamais l’occasion de voir le jour uniquement à cause de notre abstinence sexuelle égoïste… imaginez combien de Mozart et d’Einstein sont quotidiennement assassinés par notre refus de copuler et de procréer! Je le dis en clair : l’abstinence c’est l’avortement, et l’avortement c’est le meurtre. Chaque fois qu’un couple fertile revient du travail trop fatigué pour faire l’amour, ces pécheurs horribles choisissent la télévision plutôt que la vie d’un enfant. Chaque fois qu’un adolescent obéit à son curé et choisit d’étouffer l’appel de ses hormones, il prive une âme de la chance de gagner son ciel. Pire : lorsque deux étrangers, par respect coupable des conventions et de la bienséance, s’empêchent de s’arracher mutuellement leurs vêtements et de forniquer sur le trottoir, ils se rendent coupables d’infanticide, rien de moins. Et ils devraient par conséquence être sévèrement punis.
Catholiques, conservateurs, évangélistes, fondamentalistes, encore un effort si vous voulez être pro-vie : faites la promotion des coïts non protégés, des relations sexuelles prémaritales dès la puberté et de la promiscuité généralisée de tous les individus en âge de procréer. Ce n’est qu’à ce prix que les voies du Seigneur (qui resteront les seules impénétrables et impénétrées) pourront être respectées.
Catégories :Accès de rage
Anne Archet
Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.
Ah ah ah!!!
Votre sens de l’humour est d’une inégalable intelligence!
A qui est capable de remettre en question ses idées, ce nouveau blogue à saveur politique est une bouffée d’air frais. Mes respects madame l’anarchiste!
Désolé, mais c’est idiot…
Si vous démontrez que l’embryon (et j’ai bien dis l’embryon, pas les ovules ou les spermatozoïde qui n’ont aucun avenir pris séparément car il leut manque la moitié de leur matériel génétique), n’est pas un être humain, alors là je dirai chapeau. Mais personne n’y est jamais arrivé (c’est pourquoi on trouve des délais légaux d’avortement très divers), donc on peut légitimement penser l’inverse, Dieu ou pas Dieu.
Mais cette pseudo-démonstration ne démontre rien du tout, si ce n’est votre incompréhension scientifique de ce qu’est un être unique en devenir, et un non-être 100% imaginaire.
Je ne voulais démontrer rien du tout, outre le fait que le discours des droits de l’homme mène en bout de ligne à des absurdités — comme celle de définir ce qu’est un homme, par exemple.
N’importe quoi.
Vous tentez de renverser la logique pro-vie en lui soumettant un miroir plan.
Où mène le droit illimité à l’avortement? À d’aberrantes exagérations.
Où mène la perception que le foetus est une personne? … zzzzz
Ce texte est une blague.
Bravo pour l’histoire…
Excellent billet!
Monsieur Bisson, si l’avortement était illégal, que feriez-vous avec celles qui ont eu des avortements illégaux?
http://francoistremblay.wordpress.com/2009/02/19/how-to-stump-an-anti-abortionist/
Gabriel » Oui, ce texte est une blague.
Mais d’un autre côté, je ne reconnais aucun droit au foetus, à l’embryon… et à la mère. À rien ni personne.
Aucun droit? Anne Archet serait pour une dictature totalitaire?
Derrière chaque anarchiste se cache un communiste, c’est bien connu.
Parce qu’on ne sait pas ce qu’est une personne… où alors est-ce pour une raison moins brutalement idiote.
Je vous soupçonne de n’être pas brutalement idiote.
…euh « ou alors »
va mieux comme ça.
Pour dire les choses maladroitement: personne n’est une personne, surtout pas moi. La personne est une abstraction et je suis un corps réel, un individu.
Je ne sais pas si c’est brutalement idiot, mais le concept de droit de l’homme ou de droit de la personne implique une transcendance que je récuse. Pour qu’un foetus ou un individu extrait de la matrice de sa maman ait des droits, il faut qu’il y ait en lui un principe supérieur et transcendant — une âme, une « parcelle irréductible d’Humanité avec un gros HU » — et ce ne sont que des fantômes, pour reprendre la terminologie de Stirner: des abstractions créées dans le but de me soumettre.
Dit autrement, si l’Homme (embryon ou né) a des droits, il faut qu’une instance supérieure à l’individu, un pouvoir tutélaire, soit présent pour en assurer la sauvegarde. Or, ce sont précisément ces dispositifs de pouvoir qui m’exploitent, me dominent, me contrôlent. Dans ces conditions, les droits de l’homme ne sont qu’une façon supplémentaire de me contrôler.
Est-ce que le foetus est une personne? Sûrement non, mais bien franchement, je m’en fous. Une chose est toutefois certaine: personne n’a de droit sur mon corps, surtout pas au nom d’un quelconque principe transcendant. Mon corps est, en dernière instance, tout ce que j’ai. Si j’ai envie de le fustiger ou de le détruire, ce n’est qu’à moi de le décider. Et si je veux mettre fin à une grossesse en tuant le foetus que j’ai dans le corps, que j’en vois un seul essayer de m’arrêter: je me défendrai bec et ongles, de la même façon que je défends tous mes désirs.
Manon a dit: « Anne Archet serait pour une dictature totalitaire? »
Je crois plutôt qu’elle EST une dictature totalitaire, exerçant dans son utérus une répression sauvage contre les intrus qui n’ont pas leurs papiers. En quoi ça nous regarde.
ben anne, quand tu te laches, tu deviens lucides. ça fait peur. encore quelques efforts, et tu vas te transformer en … (roule ma clope, scuze)…
tain, m’écoutes des vieux blues en ce moment. me disais depuis longtemps, que mon véritable retrait viendrait quand j’écouterai du VRAI blues et pas jon spencer et son noize plus ou moins debordiste sur les bords sans même le savoir… y’a tellement de trucs à dire…
pour en revenir aux foetus, aux spermatozoïdes, chuis d’accord pour dire que c’est de la vie. comme l’herbe ou un pneu esseulé sur le bas coté de l’autoroute. en chaque chose… et donc, le blème, c’est la conscience et ce qu’on en fait après le flash de véritable lumière sur ce qui est vraiment pensable ou pas… l’oubli, comme d’hab, le refuge dans les archives, ou l’avoeux intégral qui contient le grand tout et immobilise ? canaille de chienne de conscience intégrale, tu ne fais que déborder, partout, nulle part, en cette bouillie magnifique, hein ?
le retour à terre, avec un poing dans la gueule, mais même pas. quand t’as capté, t’es « perché », indiciblement largué de cette humanité nombrilomaniaque… quelle tristesse…
je veux que tu sois ma maman, anne, qu’on soit notre matrice unie, toi et moi, et je serai ton papa… des bisous sur ta bouche humectée de bave sèche, please!!! marre de voyager seul, vec gaétan bouchard que j’aime, et qui me prend pour un fan, juste… alors que j’aurais tellement plus à lui donner, si au moins il était receptif 2 secondes.
ptdr… je note que tu progresses. c bien.
ça me faisait penser aux monades urbaines de silverberg tous ces trucs d’organisation sexuelle… « whisky and women, ain’t no good for me », dit john lee hooker, en ce moment…
si tu me laissais lécher tes joues près d’un frigo ouvert…
« personne n’est une personne », c’est bon ça. ENFIN!!!
bisous.
ceux qui chialent pas après le visionement du clip seront classés « anomaux », c’est une nouvelle classe d’animal… blaireaux.
ils iront faire un tour dans le long tube de la poubelle du mega-immeuble à étages.
ceux qui en reviendront seront chargés de raconter l’histoire des morts.
bisous.
Voici;
une femme, environ 35, cheveux, nez, bouche, elle est drôle, c’est une amie. Pas encore 40, elle a fait une fausse couche. Le placenta a fait des siennes, s’est décollé un peu, bon, etc.
Bien sûr, c’est banal, un évènement, une virgule dans un journal étudiant.
Ella a déjà cinq enfants, une fillette, encore, pourtant, au berceau, qu’on s’imagine déjà la distraire : Saint-Paul! tu vois, c’est dommage, tout ce temps, maux de coeurs, nausées stériles, fatigues superflues, temps perdu et tout… tu en as cinq, alors!
Faire le deuil de ta souffrance, après tout, n’est-ce pas une bénédiction, mieux qu’un trou au front, l’effluve d’une coupe qui t’effleures les lèvres, te soumettant la douce odeur d’une épreuve délaissée?
Comme ça, je te dis, ou mieux encore, de l’enthousiasme!
Eh bien, elle, cette femme, l’a pleuré cet enfant et on s’est souvenu de lui. Souvenu, absurde, non? Trivial, plutôt, oui? Et son père l’avait aimé; il en avait fait une personne. Une croûte, qu’il s’est fait depuis, de son affection balancée dans le vide comme un coup qu’on donne sur une marche inattendue.
Alors ici, quoi, ou ailleurs, bref! on jouera avec les mots comme on le voudra, ça ne restera qu’un jeu; un jeu froid et désincarné.
L’absurde, cet absurde sérieux et austère, n’aura jamais de repos que cesse cette sale idée, contrepoid majestueux à son équilibre troublant, caillou grinçant dans la corne de cet arrogant sabot; amour, conscience.
… Aimé de coeur et d’actions, la voilà, votre parcelle d’humanité avec un grand H, il est là, votre fantôme mystérieux et abstrait.
Transcender n’est pas dur. Transcender objectivement l’est. Assommer l’objectivité d’une telle idée n’est pas, non plus, harnacher l’immatériel; inutile de compliquer à ce point. Il faut préciser.
Je vous suis dans votre raisonnement conçernant l’étrange universalité, absolutisme, que l’on accorde trop vite parfois à ce bon vieux réflexe d’ethnocentrisme pesant qui ordonne, exige, manipule. Si c’était là votre idée, elle eut pût s’arrêter ici, justement, simplement; tenir en trois mots.
Je ne vois pas l’utilité du reste.
Un jeu?
Vous dites : « personne n’est une personne »
Et moi je dis : »Fine! Absolument! On n’est jamais une personne, on le devient continuellement. »
L’abstinence, c’est le meurtre…
Et la grossesse non consentie, c’est le viol.
Chère Anne Archet,
Vous avez écrit : « Pour qu’un foetus ou un individu extrait de la matrice de sa maman ait des droits, il faut qu’il y ait en lui un principe supérieur et transcendant — une âme, une “parcelle irréductible d’Humanité avec un gros HU” — et ce ne sont que des fantômes, pour reprendre la terminologie de Stirner: des abstractions créées dans le but de me soumettre. »
Je comprends votre idée. Mais si je réfléchis sur le propos, j’en viens à me poser une sérieuse question : pensez-vous que le libre-arbitre existe ?
Si vous me dites oui, je pense que nous allons devoir invoquer un principe supérieur (Dieu, l’État, la société, l’âme, etc.) qui assure la liberté de l’homme.
Si vous me répondez que non, vous me direz peut-être que des forces inconscientes, par exemple, empêchent une liberté absolue chez l’être humain. Vous me répondrez peut-être que l’essence de la vie est volonté de puissance, que l’inconscient est une machine désirante, etc.
Pour moi, voyez-vous, que l’être humain ait une âme, donc le libre-arbitre assuré par Dieu, ou que l’inconscient (l’âme si on veut) soit une machine désirante, il s’agit, dans les deux cas, de postulats métaphysiques qui relèvent davantage de la croyance que de la raison.
Je pense de plus en plus que les bases de l’anarchisme individualiste (et de toutes les variantes) sont essentiellement des croyances que la raison ne permet pas d’affirmer ou de réfuter. Par exemple, Dieu n’existe pas, l’homme a le libre-arbitre, l’homme n’a pas le libre-arbitre, la liberté existe, l’État est mauvais sous toutes ses formes et brime la liberté de l’homme (C’est presque un démon quoi !), les sociétés primitives vivaient dans un état proche de l’anarchisme (ça me rappelle ironiquement la Genèse), l’homme naît naturellement bon mais la société hiérarchique le corrompt, etc.
Vous me direz peut-être que c’est normal d’avoir des croyances. Mais justement, les chrétiens font exactement la même chose. Ils ne vont pas « procréer » n’importe comment, puisqu’ils veulent suivre les lois divines et sauver leur âme. Si Dieu relève davantage de la croyance que de la raison, les arguments que vous donnez s’attaquent essentiellement au raisonnement, parfois tordu j’en conviens, qui est bâti sur les postulats de base, sans plus. Les chrétiens ne veulent pas de votre anarchisme sans Dieu ni maîtres, ils ne veulent pas vos désirs effrénés. Le pire, c’est qu’ils ne sont pas toujours dominés par un de ces démons prêcheurs de hiérarchies. Ils font le choix conscient de croire, non pas que l’inconscient est une machine désirante, mais que Dieu existe.
En m’obstinant avec quelques chrétiens convaincus, je me suis rendu compte que nous argumentions essentiellement sur des croyances, non pas sur des faits scientifiques (si on peut appeler ces faits comme ça).
Maphto
Personne n’est pour l’avortement, ce mal nécessaire est un acte réfléchi par la personne qui se l’inflige, sa décision est suffisamment difficile sans avoir à rendre des comptes aux vertueux. Quand à ceux qui le font par confort, c’est un excellent choix, qui voudrait de parents comme çà.
Rien de plus totalitaire que ces gens qui veulent sauver les autres à tout prix.
Merci pour votre blog, il me rassure.
«la grossesse non consentie, c’est le viol.» Tout à fait d’accord, avoir un enfant devrait être un choix.
La problématique que je vois, est que l’homme peut se faire imposer l’enfant lui.
Et à moins que je ne m’égare, il y a même des recours judiciaires pour obliger l’homme à prendre ses responsabilités, même si à la base l’enfant n’était pas désiré.
«En m’obstinant avec quelques chrétiens convaincus, je me suis rendu compte que nous argumentions essentiellement sur des croyances, non pas sur des faits scientifiques (si on peut appeler ces faits comme ça).»
Tout à fait juste et ça fait longtemps que je le pense et le dit, mais bon, je n’ai pas la tribune de Martineau.
La seule position qui se tienne en la matière est la position agnostique.
L’athéisme est une croyance de plus. Ni plus ni moins.
C’est un peu le même genre de raisonnement que ceux qui justifient leur consommation de viande en disant aux végétariens que les légumes aussi sont en vie.
Remarquez ici que je n’ai énoncé aucune opinion mais seulement fait une constatation.
Je trouve encore une fois votre originalité débordante, détonnante et rafraichissante, ça fait changement du perroquetisme (if there is such a word) qui règne sur la bloguesphère.
On pourrait aussi y aller de d’autres citations du genre, je trouve que le filon que vous venez de trouver pourrait être une source inépuisable d’inspiration pour d’autres éditoriaux.
Par exemple: Le refus de fumer la cigarette, c’est un peu comme le refus de s’abonner à la revue Cancer.
Bon, il faut que j’aille procréer avec moi-même à défaut de d’autre chose, mes spermatozoides bouillonnent en dedans…
Sans avoir lu tous les commentaires, que penser de l’avortement en guise d’eugénisme (ex: dépistage du gène de la trisomie égale out le foetus futur dépendant assisté social de l’état), concevable ou évitable?
Comparer les animateurs radio de Choi à des trisomiques, c’est chien pour les trisomiques (Jérôme Landry lui-même vendredi dernier).
puis l’abstinence, c’est pas le meurtre, mais disons que ça peut faire monter la pression si c’est pas bien controlé. me semble.
disons que le meurtre, c’est le meurtre, mais que c’est pas forcément l’abstinence qui en est responsable. une autre forme de pression, peut-être. ou même une dépression qui s’incurverait tellement qu’elle finirait comme une nova négative… tain, chuis fatigué..
trou noir.
en tous cas, il me semble que si j’avais un germe de vie dans le bide, je me poserais la question autrement. tain, ça m’ouvre des portes, ça.
bordel, je viens pour la première fois de ma vie de penser, d’imaginer que j’avais un bébé dans le ventre. putain.
j’aurais envie de le protéger, parce que je l’aimerais, il me semble. bordel ! ça me fait quelque chose. un bébé dans le ventre, une vie ? c’est comme un morceau d’amour à l’intérieur… un morceau de soi. et ça va avoir des pattes, une vie, une pensée, des orgasmes. putain!
qu’est ce que c’est que ce truc ?
t’as déjà eu des enfants, anne ?
me dis toujours quand je vois une femme enceinte, que c’est nimbé d’une grace supérieure. avec un mouvement secret. un secret. sacré.
ça fait peur. ça fait se poser des questions sur le caractère prédateur et destructeur que je contient en moi. je me dis : si tu touches la femme enceinte, si tu lui fait mal, là, tu vas devenir un sacré salop!
tain, faudrait plutôt aller faire une collection de draps et de bassines en métal… puis du bois pour le feu. pour faire bouillir l’eau.
on pert beaucoup de sang quand on enfante ?
maintenant, je me demande si les mamans sont toujours contentes d’avoir des bébés qui sortent de leur ventre…
dans « les fils de l’homme », le film, elle est contente.
mais je connais certaines personnes qui ne devaient pas être contentes…
je crois.
+ ce qui pousse à dire qu’on a besoin d’argent pour élever des bébés, c’est que l’argent est devenu plus fort que tout aujourd’hui, et que quand t’as pas d’argent, tu crèves. et les bébés sont envoyés dans les trucs de l’état.
+ j’ai bien aimé « oliver twist » de polanski. il était jeune dans le ghetto de varsovie comme réalisateur, et après, il a eu des ennuis avec plein de gens, mais il a quand même réalisé « pirates » dans les années 80.
le dernier plan de « paris-texas », il est beau. mission accomplie. tant pis.
Cher François, le libre-arbitre est une arnaque.
La liberté est le pouvoir d’être soi-même cause de son être et de ses propres actions, alors que la contrainte consiste à être et agir en étant déterminé par autre chose que soi-même. Toute liberté est puissance, une puissance qui n’est pas coupée de ce qu’elle peut. Bref, la liberté, c’est «avoir la volonté de répondre de soi» comme le disait Nietzsche.
La liberté est donc synonyme de nécessité et c’est en cela qu’elle s’oppose à la contrainte. La contrainte est toujours extérieure; elle est faite d’oppression et de domination. La nécessité est toujours intérieure: c’est la possibilité pour l’individu d’être autodéterminé, c’est-à-dire déterminé par l’ensemble des forces et des désirs qui le constituent réellement. En offrant la possibilité d’accorder les désirs et l’action, la liberté offre la possibilité pour l’individu d’aller jusqu’au bout de ce qu’il peut. Ce n’est donc ni privilège, ni une coquetterie pour occidentaux blasés, ni un caprice de bobos en mal de sensations fortes. La liberté étant constitutive du sujet, les contraintes extérieures qui s’exercent contre elle sont une atteinte à la nature même de l’individu.
Évidemment, la liberté n’a rien à voir avec le libre arbitre, la propriété qu’aurait la volonté humaine de se déterminer librement — voire arbitrairement — à agir et à penser. Le libre-arbitre est une fausse liberté, une invention intéressée de tous les ordres établis qui remonte à Saint-Augustin, pour qui «Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir et par là même, la responsabilité du péché». Le libre arbitre est donc bel est bien le « tour de passe-passe théologique » que dénonçait Nietzsche dans le Crépuscule des idoles. Premièrement parce que si le libre arbitre existe, l’homme est placé au-dessus des lois de la nature. Or, l’homme n’échappe pas à cette nécessité du réel pris dans sa totalité. Et deuxièmement, parce les hommes ont été considérés comme libres seulement pour être jugés et punis, seulement pour pouvoir être coupables — en sauvant ainsi la perfection divine tout en dédouanant Dieu de sa responsabilité envers le mal.
Dans nos sociétés démocratiques, le concept de libre arbitre a le même effet liberticide, Dieu étant tout simplement remplacé par la Morale, la Société ou la Loi, devant lesquelles l’être humain est tenu responsable. Il est donc tenu responsable des forces et des désirs qui le constituent réellement comme sujet et doit sans cesse les refouler, les vivre comme des réalités extérieures à lui-même, des réalités dangereuses et diaboliques qu’il se doit de rejeter… même si elles constituent le seul chemin de sa liberté et de son émancipation.
Pour ce qui est de la croyance, elle est essentielle à toute connaissance, même scientifique — comment connaître quelque chose en quoi on ne croit pas? La différence entre le discours religieux et le discours philosophique se situe au niveau de la justification de la connaissance: un pur et simple appel à l’autorité pour la religion, une observation empirique et un raisonnement logique pour la philosophie. Évidemment, l’empirisme et la logique ont des limites; par exemple, on sait que les humains sont mortels parce que tous les humains jusqu’à présent sont morts… et que prouver par induction qu’ils le sont tous demanderait à éliminer tous les sujets connaissants. Mais ça reste plus sûr qu’un simple appel à la foi et à l’autorité des dépositaires de la vérité.
Quant à l’histoire de l’athéisme qui ne serait qu’une croyance au même titre que n’importe quelle religion, permettez moi de vous dire que c’est de la bullshit. Je n’ai aucune façon logique et empirique de prouver que le père noël et batman n’existent pas; ma position de non croyante serait-elle donc aussi absurde que celle de tous ceux qui guettent le traîneau ou le bat-signal dans le ciel? Non, il se trouve simplement que les probabilités empiriques sont de mon côté.
Être agnostique, en dernière instance, c’est refuser de connaître; c’est limiter la pensée à des domaines où il ne peut qu’y avoir certitude — la part congrue de l’expérience humaine. Attitude prudente, je l’admets, mais tiède et insatisfaisante.
J’aime ce texte et je suis d’accord avec la première réponse stirnérienne d’Anne Archet (#291).
Le droit est donné par quelqu’un d’autre (un vieux texte, fait par de vieux cons la plupart du temps). Je n’en veux aucun pour moi et mon corps. Si j’étais femme avec grossesse indésirée, je donnerais le droit à un autre individu de m’avorter. Moi seul donne le droit aux autres sur mon corps.
Je ne donnerais aucun droit à des cellules étrangères de se reproduire en moi, qu’elles soient un homme potentiel, un cancer ou des cellules infectées de virus.
Pour les croyants en un principe divin, si vous croyez en un dieu, laissez-le donc s’occuper lui-même de punir ou pas (puisque pour vous un dieu doit punir ou gratifier…) Dites-vous bien que le pire crime pour dieu n’est peut-être pas celui que vous pensez, mais peut-être est-ce le fait de se couper les ongles ou de se laver.
Ah, mais voilà ce qu’elle nous permet, à l’ultime, cette réthorique, cette vieille lune du tas moléculaire; jeton que l’on ne peut que sous-estimer, artifice qui soulage la conscience -objectif inavoué mais ô combien crucial de celui qui se sauve avec les meubles. Il est beau, le vagissement final, l’apothéose lubrifiante de la « viande qui mûrit à l’intérieur et qui n’est qu’amoncellement de parties, rassemblement fortuit d’un éparpillement stérile ».
Le tas moléculaire, l’assemblement d’atomes.
La jeune fille arrose sa plantation de canabis et dit ensuite que c’est « pour faire joli ». Pour faire joli!
Vous me dites « molécule », « esquisse de petit d’homme ».
Je vous dit « assumez ». Il y a des limites à vouloir protéger sa conscience.
Le train souffle, grince, siffle, il tourne à l’horizon, nous prédit l’aventure, fait naître l’espoir. La banière bat au vent, promet la fraîcheur…
J’attendions un développement subtil, ample, sensuel, viril du moins; vous ne me proposez que « molécule », « cellule » et puis « virus »; pressentant le tout, vous me présentez la partie, le détail.
Je souhaitions l’organique, vous m’offrez le mécanique.
La vapeur monte, le chariot tourne, crisse encore un peu. Un bruit de craquement se fait entendre, le moteur souffle et s’essouffle, lentement, sûrement, une roue après l’autre, le train s’arrête, immobile.
Pffffffff…
si j’ai bien compris, on est libre si on dépasse les forces extérieures grace à la propre force qu’on développe en soi, tout en n’étant pas vraiment arbitre de sa liberté.
et donc, c’est la volonté des puissances qui s’affrontent avec force. mais si la liberté personelle s’arrête à celle d’autrui, jusqu’ou peut-on aller ?
c’est l’amour, la liberté aussi, peut-être, la volonté ou le désir d’un échange réciproque. d’un partage en fait, dans le respect des limites individuelles, des désirs de chacun. un chaos en fusion tendant vers l’harmonie ?
la clé est là ? dans l’amour ?
y’a qu’à voir avec quel cynisme c’est traité la plupart du temps quand on en parle, de l’amour. c’est juste que le contraire est bien plus facile. un avilissement qui prend l’allure d’une force, d’une victoire, et qui n’est rien d’autre que l’épanouissement d’un échec cajolé jusqu’à ce qu’il en brille. en fait, c’est lâche.
aimer, c’est vachement plus dur. aimer vraiment, en plus.
y’a du boulot.
@Gabriel Bisson :
L’idée pour vous prime donc.
La tristesse et la douleur provoquées par une croyance donne de l’importance et de la vérité à cette croyance ?
Désolé pour vos attentes.
La Liberte, Batman et Le Pere Noel, meme combat.
Autant une certaine « autonomie » d’ organismes vivants me parait une realite, autant qualifier cette relative autonomie de necessite interieure et de la nommer Liberte me semble plutot de l’ordre de la croyance et parait relever du mythe…
Et il n’empeche que l’organisme lui lutte pour maintenir cette autonomie, qui est effectivement une condition necessaire a sa survie, que l’on peut donc qualifier de necessite interieure…
«ma position de non croyante serait-elle donc aussi absurde que celle de tous ceux qui guettent le traîneau ou le bat-signal dans le ciel? Non, il se trouve simplement que les probabilités empiriques sont de mon côté.»
Dans le cas du père-noël et de Batman, il est plus facile de remonter à leur création et de démontrer (si la chose est nécessaire) qu’ils sont pures fictions. Dans le cas de Dieu ou des dieux, l’idée nous vient de loin et si la Bible a été écrite par l’humain , le concept de divinité ou de vie après la mort n’appartient pas aux religions.
En ce qui concerne votre position de non croyante, je maintiens que l’athéisme est une croyance parmi d’autres. Vous croyez au néant (après la vie terrestre) et vous avez à ce titre la même chance d’avoir raison que ceux ou celles qui croient à la réincarnation. Nous ne savons pas d’où nous venons exactement d’un point de vue scientifique, alors comment savoir où nous irons? À ce niveau, les probabilités empiriques ne sont pas de votre côté, la vérité c’est que vous n’en savez rien, moi non plus et personne en fin de compte.
Peut-être que la position agnostique ne vous satifait pas, mais c’est une position honnête et c’est la seule qui fait un certain sens sur ce sujet. Le reste n’est que spéculations.
Le doute me semble parfois bien plus appréciable que la certitude. Surtout quand cette certitude repose sur bien peu de choses.
Mais… qu’y a-t-il d’autre dans la vie que douleur, tristesse, joie, peine? Qu’y a-t-il d’autre, je vous le demande honnêtement?
Pas l’idée, non… pas l’idée. Je ne cherche pas la vérité, enfin, pas tout à fait, je cherche la réalité. Je suis potentiellement bien plus matérialiste que vous ne le croyez.
@Gabriel Bisson :
Au Saint-Sépulcre, j’ai vu des croyants se lamenter, se frapper le visage, se rouler au sol, tomber en convulsion hystérique, lécher des pierres humides et sales. Dieu existe donc?
Les martyrs meurent avec joie pour leur cause. Ils ont a la réalité avec eux?
«En ce qui concerne votre position de non croyante, je maintiens que l’athéisme est une croyance parmi d’autres. Vous croyez au néant (après la vie terrestre) et vous avez à ce titre la même chance d’avoir raison que ceux ou celles qui croient à la réincarnation. Nous ne savons pas d’où nous venons exactement d’un point de vue scientifique, alors comment savoir où nous irons? À ce niveau, les probabilités empiriques ne sont pas de votre côté, la vérité c’est que vous n’en savez rien, moi non plus et personne en fin de compte.»
Empiriquement, personne n’a jamais assisté avec preuves à une réincarnation. Les croyances bouddhistes de personnes réincarnées sont comme le créateur de Batman : on peut remonter à celui qui le premier décide que telle personne est une réincarnation d’une autre (ie. Delai Lama). Empirique ne veut pas dire certitude scientifique (qui est inexistante selon moi, tout n’est approximation de la réalité). Cela veut dire selon les observations de faits. Les faits observés montrent qu’il y a beaucoup plus de probabilité que l’après-vie soit comme l’avant-vie. Néant. Le reste n’est que spéculations. Être agnostique est confortable, mais suppose que les probabilités sont équivalentes, comme vous le dites.
Sais pas.
Vous non plus, vous nous le dites plus bas.
À mon tour, donc, de vous poser une énigme. Dans ma vie, j’ai vu des gens siffler, applaudir, maudir, voler, pleurer à la face d’un bout de tissu. Amalgame étrange, burlesque, beau, inquiétant parfois de toile et de bois griffonné, sali d’huile et de pigments qui sentent toujours. Un morceau de bois, encore, sorti des entrailles de l’oubli humain et qui, façonné, travailllé, manipulé… un son, je vous dit, tel que le sol se dérobe, que l’esprit sombre, abimé dans la céleste grandeur d’un bruit.
Bdzzouing!
Dites-moi, vous y croyez, à l’art? Je veux dire « art » comme dans « l’art est autre chose qu’un sombre magma de sons, de couleurs, d’odeurs, ce qu’il est pourtant ». Vous y croyez à ce paradoxe, cette mutation, cette transcendance d’une carcasse bordélique qui devient chose vivante? Et comment est-ce qu’après cela un tas de cellules bouillonnantes ne deviendrait pas une personne, un être plutôt qu’une chose? Ces réalités, c’est dans nos sens, nos tribulations, nos joies « morales » qu’elles se confirment continuellement, pas dans la mathématique de nos molécules ou la stochiométrie d’une équation chimique. « Le centre de gravité de l’essence est le centre émotionnel », que disait Gurdjieff. Une personne, pour parler autrement, contient son essence, est réellement une personne, dans la bourrasque émotionnel qu’il peut susciter, par sa puissance, son éloquence qui le différencie de la plante, du chien ou du trou de beigne. Il y a longtemps que l’on a commencé à distinguer matière et esprit.
Justement, donc. Le problème connexe de l’homme, c’est qu’au moment où on l’élimine, ce n’est pas que la matière qu’on sape mais l’esprit avec; et pas besoin d’en référer à une quelconque instance supérieure, autorité omnipotente et régulatrice. Le dieu de l’art, c’est quoi son nom? Et celui du language, de la conscience? L’esprit est tout simplement horizontal, bas, accessible, c’est ce qui donne un sens à ce qui est objet. Essence et substance, pas besoin de métaphysique pour les relier.
Alors oui, la tristesse et la douleur provoquée par une croyance lui donne de l’importance et je dirais, moi, de l’essence. Une mère qui pleure son enfant fait de son enfant une personne, un être qu’il était, de toute façon, avant qu’il ne meure. Et ça, ce n’est ni délire mystique ni état second. J’ai vu le mur des lamentations et, croyez-moi, ce n’est pas qu’un mur de pierres; ce qui ne prouve le moins du monde que Dieu existe, on se comprend. Ne créons pas l’équivoque.
@ G. Bisson :
Rhusimatrashami, dans son traité des Carpates en noir sur le blanc, disait aussi que «l’unité tacite qui transcende l’espoir édulcoré maltraite la pensée d’une abstraction désordonnée dont le résultat ne peut être qu’une lancinante douleur qu’excorie les plaintes abyssales dans une perspective semi-lunaire ou scaphoïde (ou à tout le moins épineuse)». En cela, il démontre parfaitement mon point.
Je n’ai pas vos religiosités spirituelle, artistique, consciencieuse, divine ou etc. Désolé. Votre « esprit » sera élevé, alors que mon corps sera néant.
Je sors de ces vieux concepts que vous utilisez.
Mais il a aussi ajouté que « la turpitude dégénérescente de la silhouette temporelle souligne sic et hunc la déliquescence inexorable de la diglossie vernaculaire ».
Méditons sa sagesse.
@GB :
Je ne trouve pas ce passage dans mon exemplaire. Et il ne fait d’ailleurs pas sens. Quelle chapitre SVP? À moins que j’aie la version censurée… Je sais que plusieurs versions censurées ont circulé en premier lieu par les premiers transcripteurs et passeurs de Rhusimatrashami. Je croyais avoir la version non censurée, mais je doute à présent… Vous ne confondez pas j’espère avec Rhusimatrasami (sans le h ?) L’erreur est fréquente.
Est-ce dans son autre traité, «Le signe du Granadjapura exprimé en paresse expérimentale»? J’essaie de me le procurer depuis longtemps, mais cela demeure difficile, compte tenu du petit nombre d’exemplaires transcrits et disponibles dans le monde…
C’est normal que vous ne l’ayez pas trouvé, ce passage se lit le livre à l’envers en sautant un mot sur deux.
… D’ou la difficulté pour les exégètes d’interpréter la faramineuse masse de ses écrits.
Monsieur Bisson, je vous repose la question:
Si l’avortement était illégal, que feriez-vous avec celles qui ont eu des avortements illégaux?
Je crois que dans une société responsabilisée, les notions même de légalité et d’illégalité deviennent superflues et caduques. Insulte à l’intelligence, parfois. Il n’y aurait pas necéssité de limitation stricte de vitesse à l’intérieur d’une petite ville, d’un écosystème assez restreint pour qu’une conscientisation de l’autre soit possible. Des panneaux informatifs suffiraient. Vous avez remarqué que pouvoir coercitif, bien souvent, rime avec gigantisme? Prenons par exemple un groupe, les jeunes d’un quartier, qui se regroupe pour -supposons- jouer au hockey. Ce petit groupe obéit à un certain nombre de règles qui sont rarement explicitées mais qui demeurent tout de même essentielles et fixes pour assurer une cohésion sans laquelle personne n’aurait de plaisir. Doubles échecs interdits, par exemple, et ainsi de suite. Les règles sont incontournables ; la brutalité, le patrouillage, certainement. Mais tout cela est bien beau si toutefois la prémisse de base est la responsabilité et que… cette micro-société demeure à échelle humaine.
Le mot-clef est responsabilité.
Quant à mon idée sur le comportement malhonnête, le crime, la culpabilité, le châtiment, je vous suggère le fameux… « Crime et châtiment » de Dostoievski qui pénètre avec finesse les réelles conséquences de nos actes et la noirceur qui parfois nous caractérise. Le châtiment véritable, l’authentique conscience se trouveraient à l’intérieur.
Mon dernier paragraphe est malhabile. En fait il ne veut dire qu’une seule chose, c’est qu’à l’ultime nous sommes les seuls juges de la gravité de nos gestes et de leurs aboutissements.
Monsieur Bisson, dois-je comprendre que vous n’êtes pas en faveur de la répression étatique des avortements?
A Gabriel Bisson et à Vincent:
:lol:
Versions Célestes
:lol:
Bonjour Vincent,
« Les faits observés montrent qu’il y a beaucoup plus de probabilité que l’après-vie soit comme l’avant-vie. Néant. Le reste n’est que spéculations. »
– Je ne suis pas sure de savoir ce qui est une avant-vie
– Et je ne suis pas sure non plus de savoir ce qui est une après-vie…
Je pense plutôt qu’être agnostique, c’est plutôt dire les faits observés et ne rien dire de plus…
Cordialement,
Versions Célestes
On ne pense justement que lorsque le cerveau est embrumé (par le sommeil, l’alcool, le canabis, le désir peut importe l’ivresse). Ton argument et les conséquences me paraisse limpide et opposable je les fait mienne jusqu’à leur future contestation.
J’ai fini de lire les commentaires et je maintiens ma position : je vais allez boire et me branler peut-être que dans l’ivresse que cela génèrera j’aurais une idée claire.
@ceriselibertaire,
J’espère que vous êtes majeure et vaccinée, on sait jamais monsieur Harrisson pourrait passer dans le coin ;).
Marrant cette transcontinentale de la déconfiture.
D’autant plus drôle que l’on se sait surveillé par un grec,
l’Antonios Oldcola, bien connu dans mon pays pour être
un jean-foutre.
Nouvelle expérience pour Anne Achier : faire « l’amour »
avec un evzone poilu et alcolique.
Viel Spass !
Je me souviens…
J’étais seul, tranquille, rêveur… le cerveau doucement irrigué, mon petit corps alimenté en continu, et flottant comme en apesanteur dans mon liquide amniotique à température constante… bercé des échos sourds d’un univers-songe au-delà de ma poche utérine… centre du Monde, et Monde moi-même, sans rien d’autre que MOI, sans autre temps que l’éternité de ma persistance…
Je me souviens…
Lorsque la lumière me creva les yeux, lorsque l’air s’engouffra dans mon corps, brûlant ma gorge, et déchirant mes bronches… Lorsque le froid me saisit, tout entier, lorsque mon corps devint douleur, et que Mon Monde disparut, au loin, très loin, à l’extérieur… Lorsque le temps apparut, avec l’angoisse, avec les pleurs… avec l’attente… l’attente… l’attente du moment où je serai nourri, l’attente du moment où je serai baigné, caressé, réchauffé, l’attente que ce monde imparfait me donne -enfin !- un peu de satisfaction…
Life is pain…
But, mummy, why is life so fucking long?
Ahaha! Faites des enfants, ils vous le rendront bien ahah!