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Le vieillard et l’âne (Archet)

(Une fable anarchiste et abstentionniste électorale de Jean de Lafontaine)

Un Vieillard sur son Âne aperçut en passant
Un pré plein d’herbe et fleurissant :
Il y lâche sa Bête, et le Grison se rue
Au travers de l’herbe menue,
Se vautrant, grattant, et frottant,
Gambadant, chantant et broutant,
Et faisant mainte place nette.
L’ennemi vient sur l’entrefaite.
Fuyons, dit alors le Vieillard.
Pourquoi ? répondit le Paillard.
Me fera-t-on porter double bât, double charge ?
Non pas, dit le Vieillard, qui prit d’abord le large.
Et que m’importe donc, dit l’Âne, à qui je sois ?
Sauvez-vous, et me laissez paître :
Notre ennemi, c’est notre maître :
Je vous le dis en bon françois.

La démocratie nous traite tous comme des victimes de violence conjugale. Les politiciens nous foutent des baffes, mais c’est parce qu’ils nous aiment, alors il faut continuer de se laisser baiser, quitte à changer de temps en temps la main qui nous cogne contre l’armoire de cuisine. Faut leur pardonner, ils ont eu une enfance malheureuse. Et puis, ils nous offrent des fleurs et des chocolats de temps en temps.

Non seulement nous impose-t-on des bourreaux, non seulement doit-on s’estimer contents de pouvoir les choisir, mais il faudrait en plus aimer d’amour tendre le système qui nous opprime et se sentir moralement obligés de lui fournir les moyens de justifier son existence en allant pisser dans l’urne tous les quatre ans. Désolée, mais très peu pour moi. Étant de par mon prénom un âne, permettez-moi de vous envoyer toutes et tous paître, tous autant que vous êtes, politicailleurs et votards inclus.

Et n’oubliez pas que lorsque vous choisissez le moindre mal, vous vous retrouvez toujours pris en bout de ligne… avec le mal.

Catégories :Montée de lait

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Anne Archet

Héroïne sans emploi, pétroleuse nymphomane, Pr0nographe lubrique, anarcho-verbicruciste, poétesse de ses fesses, Gîtînoise terroriste (et menteuse, par dessus le marché). Si j'étais vous, je me méfierais, car elle mord jusqu'au sang.

7 réponses

  1. Anne, ma chère Anne, tu nous as concocté là un beau conte très bien tourné. Sa simplicité et sa concision dénotent une belle tête enfanteresse.
    Toutefois, comme toutes les morales, celle qui suit ton joli conte prend de gros raccourcis dans la pensée (n’est-ce d’ailleurs pas le propre des contes?) Cela dit, je respecte ta posture, car j’aime l’intelligence qui en dessine les coutours.

  2. Ça me rappelle drôlement une thèse importante du livre « endgame » de Derrick Jensen. J’aime.

  3. Ma question est: si on ne vote pas parce qu’on est pas d’accord avec le système en place, qu’est-ce qu’on fait alors pour qu’il change?
    Parce que ce n’est pas en ne faisant rien que les choses vont changer…

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